Principaux champs d’études autour de la thérapie neurocognitive et comportementale (TNC) développée par le LPN
1/ Psychologie/santé mentale
Ce modèle a déjà fait l’objet de travaux dans le champ de la santé :
- Plusieurs pré-études ou études publiées (ou non publiées) ont mesuré l’impact clinique d’exercices de thérapie neurocognitive et comportementale (TNC) sur les capacités de gestion (coping) du stress, de l’anxiété[1], des troubles obsessionnels et compulsifs[2],
- Deux thèses, dont une à soutenir très prochainement, qui comporte en fait trois études complémentaires sur le sujet de la dominance et de la soumission dans le comportement humain : a/ neuroscientifique (électroencéphalographie), b/ sciences cognitives : reconnaissance de visages de dominance ou soumission et modulations selon le propre état dominant ou soumis de l’observateur, c/ thérapie neurocognitive de la soumission : impact des exercices de traitement de la soumission en TNC sur l’affirmation de soi, concurremment à celui de la thérapie comportementale et cognitive classique. Ces trois études vont dans le sens d’une validité du modèle TNC et de sa pertinence en psychothérapie de l’assertivité.
Les études en projet :
- Évaluation des protocoles thérapeutiques conçus et mis au point pendant plus de vingt-cinq ans de pratique clinique intensive sur de multiples troubles psychiques, y compris psychiatriques lourds[3], dans le cadre d’études cliniques randomisées, uni- puis multicentriques, sur des pathologies standards (anxio-dépressives) puis spécifiques (troubles du comportement alimentaire, troubles obsessionnels et compulsifs…),
- Si l’ensemble des travaux à venir confirment le modèle, il en résulterait une refonte en profondeur de la compréhension des maladies mentales, de leur classification (nosographie) et leur prise en charge.
2/ Prévention primaire en santé publique/médecine environnementale
L’épidémiologie montre depuis longtemps que plus de 90% des facteurs de santé ou de maladies, physiques et mentales, relèvent de notre mode de vie ou de l’environnement, bien plus que de notre patrimoine génétique (5 à 10% des causalités).
De surcroît, la grande majorité des facteurs est induite par nos comportements ou du moins modulable par eux, d’où l’importance d’une meilleure compréhension et prise en charge de ceux-ci dans la nouvelle politique de santé publique qui se dessine. Nous nous heurtons cependant au classique « plafond de verre » de la résistance au changement, tant en ce qui concerne le comportement alimentaire que la sédentarité ou les addictions…
Le LPN souhaite contribuer à la résolution de cette problématique en évaluant l’apport de l’approche neurocognitive et comportementale (ANC) dans la gestion comportementale et la prévention dans le champ de la santé publique, concurremment à d’autres approches comme les TCC ou les nudges, notamment :
- Étude des déterminants et des leviers de prises en charge psychosociales en prévention primaire,
- Prévention et traitement des troubles du comportement alimentaire,
- Prévention et prise en charge des addictions comportementales ou aux substances
- Etc.
Les leviers étudiés et activés par l’approche neurocognitive pourraient améliorer sinon transformer la capacité des sujets/patients à atteindre (plus «physiologiquement » en fait) et pérenniser un nouvel équilibre psychologique, émotionnel et social. Outre le bénéfice sur la santé publique, il pourrait en résulter d’importantes économies en termes de dépenses de santé… et corrélativement de productivité (plus de vigilance et concentration, moins d’absentéisme, de présentéisme, etc.) ou plus largement de développement durable (voir infra.).
3/ Pédagogie
Ce modèle a déjà fait l’objet de plusieurs études dans le champ de l’éducation :
- Deux études qualitatives (menées par la Fondation Learn-to-Be en partenariat avec respectivement les Universités de Namur et d’Anvers[4]) ont évalué l’impact d’une formation de trois jours à l’approche neurocognitive (ANC) auprès d’enseignants du primaire et du secondaire, privé et public, en Belgique, sur la prévention de leur propre stress, leur capacité à prévenir et gérer les situations de décrochage scolaire ou d’agressivité des élèves dans leurs classes, de faciliter des modes de relations plus coopératifs et ouverts entre élèves, mobiliser chez ces derniers des motivations plus personnelles et durables…
Ces premiers résultats ont incité à réaliser des études plus ambitieuses :
- Une étude de même nature (interventionnelle) mais quantitative est en cours dans le sud-est de la France (organisée par l’association « savoir-être à l’école », en partenariat avec l’Université de Nice-Sofia-Antipolis et le LPN). Elle est soutenue et financée par la Commission Européenne (Revue « Les chroniques de NEuroscol » : https://madmagz.com/fr/magazine/762391).
- Une autre étude, purement psychométrique, a été précédemment développée dans le sud-ouest de la France, auprès de 3 Rectorats dans plus de 100 Lycées auprès de presque 7000 lycéens (de la seconde à la terminale), évaluant conjointement divers facteurs préalablement identifiés dans d’autres études comme ayant un rôle significatif dans la survenue du stress scolaire : socioéconomiques, éducatifs (relation au parent le plus impliqué), pédagogiques, mais aussi psychologiques, dont certaines variables issues de l’ANC (http://www.ime-fonds.org/note-2.html). Cette vaste étude, sans doute la plus importante et ambitieuse réalisée dans cette population et qui va être prochainement publiée, va dans le sens des hypothèses du modèle testées (comme le rôle « protecteur » du mode mental adaptatif versus mode automatique vis à vis du stress scolaire). Cette étude apportera d’utiles préconisations pour y remédier, surtout si l’on considère qu’il a déjà été montré que le stress à cet âge facilite la survenue ultérieure d’échecs professionnels et de désinsertion sociale
- Mesure et développement (par une formation) des capacités de résolutions de situations complexes ou à risques (élèves pilotes de l’armée de l’air française[5], cette approche ayant été transférée à la formation continue de l’ensemble des personnels navigants de l’armée de l’air et de l’aérospatiale françaises).
- Une autre étude (psychométrique) a été menée par le LPN, à la demande de l’Université de Bourgogne et de cinq grandes écoles de Dijon, dans le cadre de leur formation « Talent Campus » destinée à développer la capacité des étudiants à conscientiser et faire valoir leurs talents et pas seulement leurs compétences, afin d’en valider l’impact. Un article est soumis pour publication.
- Plusieurs études, dans le cadre du projet Neuroteach développé en partenariat avec le centre de recherche en Neurosciences de Lyon (CRNL) et soutenu par la Fondation Neurodis de l’Université de Lyon, ont évalué le rôle de la relation sociale, notamment celui de la dominance et la soumission sur les mécanismes de l’apprentissage. Ces travaux ont été l’objet de plusieurs publications dans de prestigieuses revues internationales[6] [7].
Les études à venir en ce domaine de la pédagogie vont notamment avoir pour ambition de :
- Confirmer les premiers résultats, à plus large échelle et de façon multicentrique, dans des contextes divers voire difficiles, tant concernant l’impact des formations des enseignants à l’ANC quant à leur qualité de vie professionnelle ou la prévention de leurs risques psychosociaux que quant à la réduction du stress des élèves ou l’amélioration de leurs performances scolaires.
- Ces études pourraient devenir longitudinales afin de valider dans le temps la capacité de généralisation des acquis « d’autogestion » des élèves devenus étudiants, travailleurs ou parents,
- Étendre les travaux de validation des mécanismes neuronaux mis en jeu dans une pédagogie neurocognitive en situations d’apprentissage et/ou de mise sous stress (chez des étudiants) et en tirer des améliorations de la démarche…
- Avec pour objectif final d’améliorer significativement les bénéfices pour l’éducation, tant en termes de performances que d’équilibre psychosocial ou de contrôle des coûts, à court et long terme.
4/ Accompagnement comportemental du développement durable et désirable (3D)
Autour de la compréhension et la prévention du Stress au travail ou l’amélioration corolaire de la qualité de vie, le LPN a déjà réalisé plusieurs pré-études et études :
- ENIMEST (2010), enquête nationale de l’IME sur le stress au travail, en partenariat avec le Cabinet Mars-Lab, qui tentait de mettre en perspective l’impact des stresseurs organisationnels et managériaux versus la stressabilité individuelle dans la survenue du stress au travail,
- ESTIME (2011), étude sur le stress au travail IME, en partenariat avec la Sofres, auprès de 5000 répondants appartenant à cinq populations principalement francophones (France, Belgique francophone et néerlandophone, Suisse francophone, Québec),
- D’autres études sur le stress professionnel dans divers métiers ont été réalisées, intégrant des facteurs déjà validés et d’autres plus innovants dérivés de l’ANC, ne sont pas encore publiées.
Autour de l’accompagnement comportemental du développement durable :
- Autour de l’étude de la consommation énergétique dans l’habitat, dans le cadre d’un appel à projet de Paris Région Lab (dont le LPN a été Lauréat), financée par la Banque Publique d’Investissement (BPI) et en partenariat avec la Ville de Paris (https://www.ime-recherche-lpn.fr/thematiques/developpement-durable/) : mesure de l’impact de divers facteurs psychosociaux et neurocognitifs. Cette étude, qui confirme le rôle clé de la dominance dans la résistance au changement de comportement en faveur du DD, est en cours de publication.
Bilan global
L’ensemble des études réalisées par le LPN va nettement dans le sens d’une implication forte des « Contenants neurocognitifs » (dans le prolongement du concept de biais cognitifs qu’ils permettent d’approfondir et préciser) dans nos modes d’apprentissage ou de gestion des situations (coping, résilience…).
Outre l’affinement considérable que l’approche transdisciplinaire permet, notamment quant à l’apport des neurosciences à la compréhension des mécanismes en jeu, les travaux du LPN suggèrent surtout que l’humain dispose d’une large latitude quant à la mobilisation, universelle i.e. accessible à tous, sous réserve de formation/information adéquates, des diverses ressources que le cerveau humain possède, tant à l’échelle individuelle que collective, pour les contourner voire les utiliser, un peu à l’image du « marin qui utilise les courants et les vents comme ils sont pour aller où il veut ».
Le partage de telles connaissances, au fur et à mesure de leur validation, devrait se révéler tout à fait déterminant pour réussir plus rapidement et surtout massivement la mutation culturelle et sociétale dont nous avons besoin, sous forme de transfert de « (neuro)connaissances de soi » lors des études générales, de diffusion auprès de nombreux professionnels (en charge de pédagogie ou de management, dans les contextes les plus divers : psychologues, médecins, éducateurs, enseignants, formateurs, managers et dirigeants, journalistes, juristes…) mais aussi des politiques, parents, acteurs d’associations, etc.
[1] Lefrançois, C., Van Dijk, A., Bardel, M.-H., Fradin, J. & El Massioui, F. (2011). L’affirmation de soi revisitée pour diminuer l’anxiété sociale. Journal de Thérapie Comportementale et Cognitive, 21, 17-23.
[2] Lefrançois, C., Van Dijk, A., El Massioui, F., Galmiche, Z. & Fradin, J. (2013). Deux cas de TOC traités par thérapie comportementale du Positionnement Grégaire. Journal de Thérapie Comportementale et Cognitive, 23, 113-123.
[3] Fradin, J. & Lefrançois, C. (2014). La Thérapie Neurocognitive et Comportementale (TNC). Prise en charge neurocomportementale des troubles psychologiques et psychiatriques. Bruxelles : De Boeck.
[4] Elien Sneyers, Karen Jacobs & Elke Struyf (2016): Impact of an inservice training in neurocognitive insights on teacher stress, teacher professionalism and teacher student relationships, European Journal of Teacher Education, DOI: 10.1080/02619768.2015.1121985
[5] Fornette, M.-P., Bardel, M.-H., Lefrançois, C., Fradin, J., El Massioui, F. & Amalberti, R. (2012). Cognitive-adaptation training for improving performance and stress management of Air Force pilots.The International Journal of Aviation Psychology, 22(3), 203-223.
[6] Monfardini, E., Redouté, J., Hadj-Bouziane, F., Hynaux, C., Fradin, J., Huguet, P., Costes, N. & Meunier, M. (2015). Others’ sheer presence boosts brain activity in the attention (but not the motivation) network. Cerebral Cortex, pii: bhv067.
[7] Monfardini, E., Reynaud, A. J., Prado, J., Meunier, M. (2016), Social modulation of cognition: lessons from rhesus macaques relevant to education. Neuroscience and Biobehavioral Reviews, 12, 002.