Mise à jour : février 2019 

 

ThÚse Aurélie Van Dijk (soutenue le 15 février)

Résumé

L’assertivitĂ© caractĂ©rise une personne qui possĂšde des capacitĂ©s sociales lui permettant de s’affirmer en se respectant et en respectant les autres. Cette compĂ©tence est importante dans la vie personnelle et professionnelle pour cultiver des relations interpersonnelles qualitatives sur le court, moyen et long terme. Cependant, tout individu ne possĂšde pas les capacitĂ©s sociales lui permettant de se comporter avec assertivitĂ©. Les individus non assertifs adoptent soit des comportements de soumission (i.e. tendance naturelle Ă  se soumettre aux autres plutĂŽt qu’à s’affirmer ou Ă  diriger) soit des comportements de dominance (i.e. tendance Ă  influencer les autres et Ă  chercher Ă  prendre le pouvoir sur eux). La qualitĂ© des relations avec autrui des individus non assertifs peut s’en trouver altĂ©rĂ©e. MalgrĂ© cela, les comportements non-assertifs perdurent dans le temps. Comment ces comportements se maintiennent-ils et pouvons-nous les corriger durablement ?
Pour rĂ©pondre Ă  ces questions, le prĂ©sent travail comprend deux volets : un volet expĂ©rimental destinĂ© Ă  Ă©tudier le fonctionnement cognitif des individus en fonction de l’assertivitĂ© et un volet clinique Ă©laborĂ© pour tester l’effet de techniques thĂ©rapeutiques cognitives et comportementales qui corrigeraient le manque d’assertivitĂ©. Dans le premier volet, nous avons Ă©tudiĂ© les performances perceptives, attentionnelles et mnĂ©siques des sujets en fonction de leur assertivitĂ© et de l’assertivitĂ© des stimuli prĂ©sentĂ©s. Pour cela, nous avons respectivement enregistrĂ© l’activitĂ© Ă©lectrique cĂ©rĂ©brale des sujets par Ă©lectroencĂ©phalographie, Ă©tudiĂ© leurs mouvements des yeux par oculomĂ©trie et mesurĂ© leurs performances Ă  une tĂąche de mĂ©moire sociale. Nos rĂ©sultats rĂ©vĂšlent que la dominance sociale est traitĂ©e en prioritĂ© (dĂšs 100ms aprĂšs la prĂ©sentation du stimulus) et qu’elle influence notre rĂ©ponse comportementale car les sujets fixent plus frĂ©quemment les visages de dominance (en comparaison aux stimuli de soumission) s’ils sont prĂ©sentĂ©s pendant une courte durĂ©e (750ms) puis ils les Ă©vitent si la prĂ©sentation se prolonge (20 secondes). Dans le second volet, nous avons analysĂ© l’effet d’une nouvelle technique thĂ©rapeutique (la technique du Positionnement GrĂ©gaire ou PG) comparativement Ă  une technique existante (la mĂ©thode d’affirmation de soi des ThĂ©rapies Cognitives et Comportementales) dont les effets sur les comportements assertifs ont dĂ©jĂ  Ă©tĂ© mis en Ă©vidence. Nos rĂ©sultats rĂ©vĂšlent que l’entrainement Ă  l’adoption d’un comportement assertif selon la mĂ©thode d’affirmation de soi ou selon la technique du PG conduit Ă  une augmentation des comportements assertifs et Ă  une diminution des comportements de soumission, du niveau d’anxiĂ©tĂ© et du niveau de dĂ©pression.

Mots clés
assertivitĂ©, soumission, dominance, perception sociale, mĂ©moire, attention, potentiels Ă©voquĂ©s, oculomĂ©trie, mĂ©thode d’affirmation de soi, positionnement grĂ©gaire (PG), anxiĂ©tĂ©, dĂ©pression

Abstract

Assertiveness characterizes a person who possesses social skills that enable him to assert by respecting himself and respecting others. These skills are important in personal and professional domains to cultivate short, medium and long term high-quality interpersonal relationships. However, any people don’t have the needed social skills to behave assertively. Non-assertive individuals adopt either submissive behaviors (i.e. a natural tendency to submit to others rather than assert or lead others) or dominance behaviors (i.e. tending to influence others and seeking to gain power over them). Non-assertive individuals’ relationships quality may be concerned. Moreover, non-assertive behaviors can persist over time. How do these behaviors remain and how can we change them sustainably?
To answer these questions, the current work is divided into two parts: an experimental section about the cognitive functioning of individuals in relation to assertiveness and a clinical section about the effect of cognitive and behavioral techniques which would reduce the deficit of assertiveness. In the first part, we studied perceptual, attentional and memory performances according to subjects and stimuli assertiveness. We respectively recorded brain activity by electroencephalography, eyes movements by oculometry and measured subjects’ performances to a social memory task. Our results reveal that social dominance stimuli have a priority treatment (100ms after the presentation of the stimulus) and that we focus on this type of stimuli first and then we avoid them.
In the second part, we analyzed the effect of a new therapeutic technique (Gregarious Positioning exercises or GP) compared to an existing technique (Assertiveness training of Cognitive and Behavioral Therapy or CBT) whose effects on assertive behaviors have already been highlighted. Our results reveal that training with Assertiveness training of CBT or GP exercises lead to an increase in assertive behaviors and a decrease in submissive behaviors, anxiety and depression level.

Key words
assertiveness, submission, dominance, social perception, memory, attention, evoked potentials, oculometry, assertion training, gregarious positioning, anxiety, depression

 

 

Mise à jour : mai 2016 

NOM DU PROJET : TA5 – RĂ©alisation d’une Ă©tude de cas clinique : Ă©valuation exploratoire de nouveaux outils cognitifs et comportementaux destinĂ©s Ă  traiter les troubles obsessionnels compulsifs (TOC)
R – Psychologie – Psychologie clinique – Troubles obsessionnels compulsifs 

 

1. Objectifs du projet

Au sein de l’Institut de MĂ©decine Environnementale (IME), une modĂ©lisation cognitive et comportementale de l’assertivitĂ© (ou affirmation de soi) et de ses troubles a Ă©tĂ© Ă©laborĂ©e, le modĂšle du positionnement grĂ©gaire (PG). Pour rappel, le PG correspond Ă  la position sociale que l’individu occupe spontanĂ©ment au sein de ce groupe et la confiance en soi et en les autres rĂ©sultantes. L’originalitĂ© de ce modĂšle est de reprĂ©senter, sur un mĂȘme continuum, diffĂ©rents niveaux de PG caractĂ©risant Ă  la fois la population gĂ©nĂ©rale et des individus atteints de troubles mentaux (comme la dĂ©pression, les troubles anxieux, 
). Les individus positionnĂ©s au centre de ce continuum possĂšdent une position favorable Ă  l’acquisition d’un comportement assertif (PG neutre) tandis que les personnes positionnĂ©es de part et d’autre de ce PG central manquent d’assertivitĂ©. Chez certaines de ces personnes, le manque d’assertivitĂ© peut ĂȘtre Ă  l’origine de l’apparition d’un trouble de l’assertivitĂ©. L’objet du prĂ©sent projet est d’étudier l’impact du PG d’un individu (et par voie de consĂ©quence de son assertivitĂ©) sur sa maniĂšre de percevoir, porter attention et mĂ©moriser les informations de son environnement. Il s’agit Ă©galement de poursuivre l’évaluation de la portĂ©e et de la validitĂ© du modĂšle du PG dans d’autres champs d’application (clinique, pĂ©dagogie, Ă©ducation spĂ©cialisĂ©e, management, etc.).

L’équipe de l’IME a conçu des exercices thĂ©rapeutiques sur la base de la modĂ©lisation cognitive et comportementale du PG dans le but de modifier le PG des individus. Ces exercices s’appliquent Ă  tout individu n’ayant pas un PG neutre qui favorise l’acquisition des habiletĂ©s sociales (dont l’assertivitĂ©). Deux Ă©tudes ont Ă©tĂ© menĂ©es pour tester l’efficacitĂ© de ces exercices. Chez des individus prĂ©sentant des troubles d’anxiĂ©tĂ© sociale, une diminution de leur anxiĂ©tĂ© sociale a Ă©tĂ© observĂ©e Ă  la suite de la rĂ©alisation quotidienne de ces exercices sur une semaine (Lefrançois, Van Dijk, Bardel, Fradin, & El Massioui, 2011). De mĂȘme, ces exercices ont Ă©tĂ© proposĂ©s Ă  trois patients souffrant de troubles obsessionnels et compulsifs et ont permis de diminuer significativement leurs symptĂŽmes (Lefrançois, Van Dijk, El Massioui, Galmiche, & Fradin, 2013).

Ces deux Ă©tudes exploratoires soulignent l’efficacitĂ© des exercices thĂ©rapeutiques mis au point Ă  l’IME. L’objet du prĂ©sent projet est d’étendre les Ă©tudes cliniques prĂ©cĂ©dentes Ă  de plus larges Ă©chantillons de la population et de comparer ces exercices aux techniques cognitives et comportementales validĂ©es afin d’asseoir l’efficacitĂ© de cette nouvelle technique thĂ©rapeutique. Cette dĂ©marche facilitera la diffusion de cette technique au plus grand nombre par le biais de formations collectives dispensĂ©es Ă  l’IME ou de suivis thĂ©rapeutiques individuels.

Le second objectif de ce projet est d’étudier les dĂ©terminants cognitifs du PG (et par consĂ©quent de l’assertivitĂ©) : nous voulons connaĂźtre l’influence du PG d’un individu sur la maniĂšre de traiter les informations de son environnement. Ainsi, il sera plus aisĂ© de comprendre comment le PG et les troubles qui en rĂ©sultent, se maintiennent. Ce second volet du projet permettra d’éprouver les hypothĂšses formulĂ©es sur la base de la modĂ©lisation du PG et par voie de consĂ©quence, de tester le bien-fondĂ© des techniques de traitement proposĂ©es actuellement par l’IME. IndĂ©pendamment de la plus-value de cette dĂ©marche dans le domaine clinique, l’intĂ©rĂȘt est Ă©galement d’enrichir et de faire Ă©voluer les formations IME en intĂ©grant les rĂ©sultats de nos Ă©tudes. A travers ce projet en particulier, les personnes qui suivent ces formations pourront ĂȘtre sensibilisĂ©es Ă  l’impact du PG sur nos capacitĂ©s cognitives. IndĂ©pendamment de la plus-value de cette dĂ©marche dans le domaine clinique, l’intĂ©rĂȘt est Ă©galement d’enrichir et de faire Ă©voluer les formations IME en intĂ©grant les rĂ©sultats de nos Ă©tudes. À travers ce projet en particulier, les personnes qui suivent ces formations pourront ĂȘtre sensibilisĂ©es Ă  l’impact du PG sur nos capacitĂ©s cognitives.

L’objectif principal du prĂ©sent projet est donc d’amĂ©liorer le traitement des troubles de l’assertivitĂ© comme l’anxiĂ©tĂ© sociale, la dĂ©pression,
 Pour cela, les acteurs de ce projet vont procĂ©der en deux Ă©tapes. Dans un premier temps, ils vont Ă©tudier l’impact du manque d’assertivitĂ© observĂ© dans ces troubles sur les capacitĂ©s cognitives (perceptives, attentionnelles et mnĂ©siques) des individus. Cela permettra de mieux comprendre les mĂ©canismes de maintien de ces troubles et d’amĂ©liorer leur dĂ©tection. Dans un second temps, l’efficacitĂ© d’une nouvelle technique thĂ©rapeutique des troubles de l’assertivitĂ© sera testĂ©e indĂ©pendamment et en complĂ©ment des techniques cognitives et comportementales actuelles. Cette technique intĂ©grera les rĂ©sultats de la premiĂšre Ă©tape de ce projet ainsi que les observations cliniques des membres de l’IME.

 

2. État de l’art

L’assertivitĂ© est un concept qui a Ă©mergĂ© dans les annĂ©es 50 en AmĂ©rique. Dans un premier temps, il a Ă©tĂ© Ă©tudiĂ© sous l’angle du comportement assertif. Ce comportement a Ă©tĂ© initialement dĂ©fini comme l’expression appropriĂ©e de ses Ă©motions autres que l’anxiĂ©tĂ© envers une autre personne (Wolpe, 1958; Wolpe, 1973). Par la suite, d’autres composantes de ce comportement ont Ă©tĂ© isolĂ©es : la capacitĂ© Ă  refuser une requĂȘte (Bekker, Croon, van Balkom, & Vermee, 2008; Lazarus, 1973), la capacitĂ© Ă  exprimer et Ă  dĂ©fendre ses droits et son point de vue sans anxiĂ©tĂ© ni agressivitĂ© (Alberti & Emmons, 2008) et enfin la capacitĂ© Ă  commencer, continuer ou terminer une conversation (Lazarus, 1973; O’Connor, 1969).

Le comportement assertif requiert donc la possession d’un ensemble de capacitĂ©s apprises s’exprimant lors d’interactions interpersonnelles. Il constitue Ă  ce titre une habiletĂ© sociale plus qu’un trait de personnalitĂ© unidimensionnel et stable dans le temps (Galassi & Galassi, 1978). Ainsi, un individu assertif est gĂ©nĂ©ralement capable d’apporter des rĂ©ponses appropriĂ©es dans des situations sociales ce qui facilite le dĂ©veloppement de relations interpersonnelles satisfaisantes et lui permet d’atteindre ses buts sociaux (Brady, 1984).

Dans un second temps, des composantes cognitives de l’assertivitĂ© ont Ă©tĂ© isolĂ©es. Elles comprennent des reprĂ©sentations positives de soi, des autres et des interactions entre soi et les autres (Vagos & Pereira, 2009).

Cependant, tout individu ne possĂšde pas les habiletĂ©s sociales et les cognitions caractĂ©risant un individu assertif. Selon certains auteurs qui adoptent une vision dichotomique de l’assertivitĂ© (McFall & Lillesand, 1971), un individu est soit assertif soit non-assertif (dans le cas oĂč il n’adopte pas un comportement assertif). Tandis que pour d’autres, l’assertivitĂ© se reprĂ©sente sur un continuum (Galassi & Galassi, 1978; Hollandsworth, Galassi, & Gay, 1977; Rich & Schroeder, 1976; Tomaka et al., 1999; Wilson & Gallois, 1993). Selon ces derniers, un individu manquant d’assertivitĂ© est plutĂŽt soumis (il ressentirait un sentiment d’infĂ©rioritĂ© et d’impuissance sociale), passif (il prĂ©fĂ©rerait rester en retrait et laisser intervenir les autres) et anxieux. A l’opposĂ©, un individu possĂ©dant un haut niveau d’assertivitĂ© est plutĂŽt dominant (c’est Ă  dire qu’il aurait tendance Ă  contrĂŽler et Ă  influencer son environnement interpersonnel) et agressif (il aurait tendance Ă  utiliser des punitions et des menaces pour exercer un pouvoir coercitif ; (Hollandsworth et al., 1977). Toutefois, la conception de l’assertivitĂ© comme Ă©tant une habiletĂ© sociale n’est pas compatible avec cette reprĂ©sentation sur un continuum. La dĂ©finition de la dominance ne suppose pas que ces individus possĂšderont plus d’habiletĂ©s sociales que les individus soumis et encore moins que les individus assertifs. Un individu dominant aura plutĂŽt tendance Ă  exprimer et Ă  dĂ©fendre ses droits et son point de vue avec agressivitĂ© tandis que l’individu assertif le fera sans anxiĂ©tĂ© ni agressivitĂ© (Alberti & Emmons, 2008). Un individu est donc assertif ou manque d’assertivitĂ© et dans ce dernier cas, il sera soit soumis soit dominant.

Dans les modĂ©lisations des comportements interpersonnels, ces trois types de comportements sont reprĂ©sentĂ©s sur un axe vertical (Guttman, 1954; Horowitz et al., 2006; Kiesler, 1983; Leary, 1957; Moskowitz, 2005; Wiggins, 1982). Les deux pĂŽles de cet axe sont la soumission et la dominance et l’assertivitĂ© occupe la position centrale. Dans cette conception, la dimension d’action (c’est-Ă -dire l’influence d’un individu sur un autre) est reprĂ©sentĂ©e sur un continuum et non plus l’assertivitĂ©. Malatynska et Knapp (2005) font le parallĂšle entre les deux pĂŽles de ces modĂšles et des troubles de l’humeur. Selon eux, la dĂ©pression mĂ©lancolique (Ă©pisode dĂ©pressif majeur accompagnĂ© d’une perte d’intĂ©rĂȘt ou de plaisir pour toutes ou presque toutes les activitĂ©s ou une absence de rĂ©activitĂ© aux stimuli habituellement considĂ©rĂ©s comme agrĂ©ables ; (American Psychiatric association (APA), 1996) et les Ă©pisodes maniaques (pĂ©riode durant laquelle l’humeur est Ă©levĂ©e de façon anormale et persistante) seraient deux pĂŽles opposĂ©s d’un mĂȘme continuum graduel tout comme les comportements de soumission et de dominance. Ainsi, la soumission serait un modĂšle de dĂ©pression tandis que la dominance serait un modĂšle de manie.

En effet, selon Arrindell et ses collaborateurs (Arrindell et al., 1999; Arrindell et al., 2005) un manque d’habiletĂ©s sociales serait observĂ© Ă  la fois dans la population gĂ©nĂ©rale et chez des patients souffrant de psychopathologies (comme la dĂ©pression). De nombreuses personnes ont des difficultĂ©s Ă  demander un renseignement ou de l’aide Ă  un Ă©tranger ou encore Ă  refuser une requĂȘte dĂ©raisonnable d’un ami ou Ă  exprimer du dĂ©plaisir dans une situation, sans pour autant dĂ©velopper un trouble mental. De mĂȘme, Gilbert et Allan (1994) ont mis en Ă©vidence, dans la population gĂ©nĂ©rale, des comportements de soumission tĂ©moignant d’un manque d’assertivitĂ©. Par ailleurs, des dĂ©ficits d’habiletĂ©s sociales sont Ă©galement observĂ©s chez des patients schizophrĂšnes (Seo, Ahn, Byun, & Kim, 2007), dĂ©pressifs (Thompson & Berenbaum, 2011; AzaĂŻs, Granger, Debray, & Ducroix, 1999; Chan, 1993; Segrin, 2000), ceux souffrant de troubles anxieux (AzaĂŻs et al., 1999; Bekker et al., 2008; Kleiner & Marshall, 1985; Thompson & Berenbaum, 2011) ou encore ceux hospitalisĂ©s en psychiatrie de maniĂšre gĂ©nĂ©rale (Hersen, Eisler, Miller, Johnson, & Pinkston, 1973). AzaĂŻs et ses collaborateurs (AzaĂŻs et al., 1999) caractĂ©risent mĂȘme ces troubles de l’adaptation sociale, plus prĂ©cisĂ©ment la dĂ©pression et les troubles anxieux, de troubles de l’assertivitĂ©.

Pour traiter ces troubles de l’assertivitĂ©, les thĂ©rapies cognitives et comportementales (TCC) sont les plus rĂ©pandues et testĂ©es scientifiquement. Elles visent Ă  agir sur les Ă©motions, les cognitions et les comportements qui maintiennent ces troubles. Les thĂ©rapeutes formĂ©s Ă  cette approche thĂ©rapeutique proposeront classiquement, Ă  ces patients, les mĂ©thodes suivantes : la relaxation appliquĂ©e (du type Jacobson ou Schultz), la restructuration cognitive ou encore l’affirmation de soi (Veale, 2003 ; Rodebaugh et coll., 2004). La mĂ©thode d’affirmation de soi est spĂ©cifiquement destinĂ©e Ă  entrainer le patient Ă  acquĂ©rir un comportement assertif (« Assertive Training ») et des compĂ©tences sociales (« Social Skills Training » ; Fedoroff et Taylor, 2001). La technique de base de cette mĂ©thode est le jeu de rĂŽle (Cottraux, 2004) qui consiste Ă  observer, reproduire et intĂ©grer un comportement assertif selon un apprentissage par imitation d’un modĂšle (Bandura, 1977). Ainsi, l’individu acquiert des compĂ©tences sociales et modifie ses cognitions relatives Ă  la situation abordĂ©e lors du jeu de rĂŽle (Mattick et Peters, 1988 ; Newman et coll., 1994 ; Fedoroff et Taylor, 2001). Plusieurs Ă©tudes ont dĂ©montrĂ© l’efficacitĂ© de cette mĂ©thode (Lin el al., 2008). Toutefois, certains patients restent rĂ©sistants Ă  ce type de thĂ©rapie. Cela laisse donc la voie ouverte Ă  la recherche de nouvelles techniques thĂ©rapeutiques pour amĂ©liorer le traitement des troubles de l’assertivitĂ©.

Dans cette perspective d’amĂ©lioration de la prise en charge de ces troubles, les scientifiques Ă©tudient l’impact du manque d’assertivitĂ© des sujets et de leurs interlocuteurs sur leurs capacitĂ©s cognitives. Leur objectif est de comprendre comment ce manque d’assertivitĂ© se maintient.

Tout d’abord, la dominance chez autrui est perçue trĂšs prĂ©cocement (dĂšs 40ms) Ă  la fois sur la base d’indices corporelles (posture repliĂ©e de soumission ou Ă©talĂ©e et droite de dominance) et faciaux (orientation de la tĂȘte vers le haut en signe de dominance ou vers le bas pour reprĂ©senter la soumission (Rule, Adams, Ambady, & Freeman, 2012). Cette perception est associĂ©e Ă  la composante N200 isolĂ©e par Ă©lectroencĂ©phalographie (EEG) et l’amplitude de cette composante dĂ©pend de l’assertivitĂ© des acteurs prĂ©sentĂ©s (l’amplitude est plus grande face Ă  des visages d’acteurs exprimant la dominance sociale et plus faible face Ă  des visages exprimant la soumission ; (Chiao et al., 2008). De plus, elle est fortement influencĂ©e par les caractĂ©ristiques masculines du stimulus prĂ©senté : des visages et des voix masculinisĂ©s d’hommes et de femmes sont perçus comme plus dominants que ceux qui sont fĂ©minisĂ©s (Watkins, Jones, & DeBruine, 2010; Watkins, Quist, Smith, DeBruine, & Jones, 2012). La perception de l’assertivitĂ© d’un individu chez autrui est donc liĂ©e Ă  sa propre assertivitĂ©.

Sa propre assertivitĂ© influence Ă©galement la maniĂšre dont un individu va porter attention aux autres. Les individus soumis ont une aversion rapide plus forte face Ă  des visages de colĂšre que d’autres individus hautement anxieux (Terburg, Aarts, & van Honk, 2012). A l’inverse, une vigilance face Ă  des menaces sociales est positivement corrĂ©lĂ©e Ă  des marqueurs biologiques et psychologiques de la dominance (un trait de colĂšre, un haut niveau de testostĂ©rone et la motivation de l’approche ; (Putman, Hermans, & van Honk, 2004; van Honk et al., 1999; van Honk, Tuiten, de Haan, van den Hout, & Stam, 2001; Wirth & Schultheiss, 2007). Des mots relatifs Ă  la dominance sont jugĂ©s plus rapidement quand ils sont prĂ©sentĂ©s en haut de l’écran alors que le pattern inverse est observĂ© pour les mots liĂ©s Ă  la soumission (Schubert, 2005). De mĂȘme, les individus dominants rĂ©pondent plus rapidement quand les indices sont prĂ©sentĂ©s en haut alors que le rĂ©sultat inverse est obtenu pour les individus soumis (Robinson, Zabelina, Ode, & Moeller, 2008). Ces Ă©tudes tĂ©moignent de l’impact avĂ©rĂ© de l’assertivitĂ© d’un individu sur ses capacitĂ©s attentionnelles.

MalgrĂ© l’effet avĂ©rĂ© de l’assertivitĂ© sur les capacitĂ©s perceptives et attentionnelles des individus, les deux recherches Ă©tudiant les liens entre l’assertivitĂ© et les capacitĂ©s mnĂ©siques n’ont pas permis d’isoler un effet comparable (Terburg et al., 2012 ; Rule et al., 2012).

L’ensemble de ces recherches, Ă©tudiant le lien entre ces trois processus cognitifs et l’assertivitĂ©, sont rĂ©centes et prĂ©sentent quelques limites, notamment au niveau de la caractĂ©risation des sujets et du choix des stimuli. Des Ă©tudes complĂ©mentaires doivent donc ĂȘtre menĂ©es pour poursuivre cette dĂ©marche d’amĂ©lioration des thĂ©rapies des troubles de l’assertivitĂ©.

 

3. Aléas, incertitudes scientifiques, verrous technologiques

Bien que les techniques cognitives et comportementales des troubles de l’assertivitĂ© se rĂ©vĂšlent ĂȘtre efficaces, certains patients demeurent rĂ©sistants Ă  cette thĂ©rapie. L’équipe de l’IME a conçu le prĂ©sent projet pour amĂ©liorer le traitement de ces patients rĂ©sistants.

Dans cette perspective, elle a pour premiĂšre ambition de pallier les limites des recherches actuelles qui Ă©tudient l’impact de l’assertivitĂ© sur les processus cognitifs des individus. Tout d’abord, les Ă©tudes des processus attentionnels n’ont pas permis d’isoler si l’assertivitĂ© influence uniquement le traitement de stimuli complexes (i.e. des visages) reprĂ©sentant une menace sociale (visage exprimant la colĂšre) ou si cette influence s’exerce Ă©galement pour des stimuli moins complexes comme des formes gĂ©omĂ©triques. De plus, elles n’ont pas prĂ©cisĂ© l’aversion observĂ©e chez les individus soumis : sont-ils aversifs au regard ou au visage dans son ensemble et vont-ils traiter le visage comme un stimulus quelconque et regarder uniquement le bas de ce visage (cf. Robinson et al., 2008) ?

Nous pouvons Ă©galement nous demander si la perception de l’assertivitĂ© d’autrui varie en fonction de sa propre assertivitĂ© dans le cas oĂč l’acteur adopte une attitude naturelle et non plus une attitude « exagĂ©rĂ©e » de dominance ou de soumission (tĂȘte exagĂ©rĂ©ment orientĂ©e vers le haut ou vers le bas). Dans cette condition, la prĂ©sentation de ces stimuli plus naturels permet-elle d’observer une diffĂ©rence d’amplitude de l’onde N200 similaire Ă  celle mise en Ă©vidence par l’équipe de Chiao (2008) ? De plus, l’amplitude de cette onde dĂ©pend-elle de l’assertivitĂ© rĂ©elle de l’acteur prĂ©sentĂ© ou de l’assertivitĂ© attribuĂ©e Ă  cet acteur a posteriori par le sujet ?

Dans les Ă©tudes relatives aux processus attentionnels, perceptifs et mnĂ©siques, l’assertivitĂ© des sujets est dĂ©duite d’indices indirectes (comme leurs trait de colĂšre et d’anxiĂ©tĂ©, leur tenue vestimentaire, leur niveau de testostĂ©rone) ou uniquement du trait de dominance. Cela ne permet donc pas de distinguer clairement les individus assertifs des individus soumis ni des individus dominants.

La seconde ambition du prĂ©sent projet est de tester une nouvelle technique cognitive et comportementale des troubles de l’assertivitĂ©. Les Ă©tudes menĂ©es sur les processus cognitifs et l’assertivitĂ© suggĂšrent que le manque d’assertivitĂ© d’un individu a un impact sur les processus d’acquisition et de traitement prĂ©coces des informations de son environnement. L’entrainement Ă  l’acquisition d’habiletĂ©s sociales ne doit donc pas ĂȘtre suffisant pour modifier le manque d’assertivitĂ© profondĂ©ment ancrĂ© chez les patients rĂ©sistants aux mĂ©thodes des TCC. En revanche, la nouvelle technique proposĂ©e par l’IME a pour vocation d’agir sur le positionnement grĂ©gaire (PG) de l’individu qui serait Ă  l’origine de ce manque d’assertivitĂ© (puisque qu’un PG soumis ou dominant ne favoriserait pas l’acquisition d’un comportement assertif). Des rĂ©sultats sur les patterns cognitifs (notamment perceptifs, attentionnels et mnĂ©siques) des patients pourraient donc ĂȘtre obtenus grĂące Ă  cette nouvelle technique, sur le long terme.

 

4. Travaux réalisés, démarche expérimentale

Nos observations cliniques et nos lectures d’articles scientifiques nous ont conduits, dans une premiùre phase à formuler les hypothùses suivantes.

En ce qui concerne les liens entre les capacitĂ©s cognitives des individus et leur assertivitĂ©, nous supposons que l’assertivitĂ© a un rĂ©el effet sur les capacitĂ©s perceptives, attentionnelles et mnĂ©siques. Cet effet se situerait Ă  divers niveaux.

Tout d’abord, l’aversion aux indices de menace sociale observĂ©e chez les individus soumis (Terburg et al., 2012) se traduirait plus prĂ©cisĂ©ment par une aversion aux regards des individus dominants et ceux exprimant la colĂšre (Ă©motion associĂ©e Ă  la dominance ; (Hess, Adams, & Kleck, 2005). Cela les conduirait Ă  porter leur attention sur le bas du visage de ces individus (au dessous des yeux). A l’inverse, la vigilance face Ă  des menaces sociales observĂ©e chez des individus plutĂŽt dominants (Putman et al., 2004; van Honk, et al., 2001; van Honk et al., 1999; Wirth & Schultheiss, 2007) se traduirait chez ces individus par une fixation plus longue (en comparaison aux individus soumis) des regards et du haut du visage (au dessus des yeux) des stimuli de dominance et de ceux exprimant la colĂšre. Les patterns prĂ©cĂ©dents observĂ©s chez les individus soumis et dominants seraient obtenus pour les indices de menace sociale mais pas pour des stimuli moins complexes comme des formes gĂ©omĂ©triques. En revanche, une diffĂ©rence dans les stratĂ©gies d’exploration des stimuli prĂ©sentĂ©s Ă  l’écran serait observĂ©e en fonction de l’assertivitĂ© du sujet et ceci quelque soit la nature de ces stimuli (stimuli complexes ou pas). Comme le suggĂšrent les Ă©tudes de 2 Ă©quipes (Robinson et al., 2008 ; Schubert, 2005), les individus dominants commenceront par porter leur attention aux stimuli prĂ©sentĂ©s en haut de l’écran tandis que ce sera en bas pour les soumis.

Comme pour le processus attentionnel, l’assertivitĂ© des individus influencerait leur perception de l’assertivitĂ© chez autrui, et ceci que leur interlocuteur adopte une attitude exagĂ©rĂ©e (tĂȘte orientĂ©e vers le haut ou vers le bas) tĂ©moignant de leur assertivitĂ© ou pas (orientation naturelle de la tĂȘte). L’attribution de l’assertivitĂ© Ă  autrui dĂ©pendrait de sa propre assertivitĂ© et non pas de l’assertivitĂ© rĂ©elle de l’individu. Par exemple, si nous reprĂ©sentons le positionnement grĂ©gaire (PG) sur un continuum allant de -5 Ă  +5 et que les valeurs nĂ©gatives sont attribuĂ©es aux individus soumis et les positives aux dominants, des individus hautement soumis (associĂ©s au niveau -3, par exemple) caractĂ©riseraient des individus faiblement soumis (niveau -1) de dominants mĂȘme si ces derniers sont soumis « dans l’absolu ». De mĂȘme des individus soumis pourraient attribuĂ©s un PG dominant Ă  des individus assertifs (de PG Ă©gal ou trĂšs proche de 0). Nous posons donc l’hypothĂšse que la perception de l’assertivitĂ© chez autrui est relative Ă  la propre assertivitĂ© du sujet. De plus, nous supposons que la perception de cette assertivitĂ© chez autrui (que son attitude soit naturelle ou exagĂ©rĂ©e) se traduit au niveau de l’amplitude de la composante N200 isolĂ©e par EEG : si les individus indiquent a posteriori que la personne prĂ©sentĂ©e est dominante, la perception du visage de cette personne sera associĂ©e Ă  une onde N200 d’amplitude plus grande que s’ils l’avaient catĂ©gorisĂ© comme soumise.

Les Ă©tudes menĂ©es sur les processus perceptifs et attentionnels laissent supposer que l’assertivitĂ© aurait un impact sur les capacitĂ©s mnĂ©siques mĂȘme si cela n’a pas encore Ă©tĂ© dĂ©montrĂ© (Terburg et al., 2012 ; Rule et al., 2012). L’équipe de l’IME a conçu trois questionnaires Ă©valuant prĂ©cisĂ©ment les comportements de soumission, de dominance et d’assertivitĂ©. GrĂące Ă  ces outils de caractĂ©risation plus fins que ceux utilisĂ©s dans les Ă©tudes prĂ©cĂ©dentes, nous supposons que nous allons mettre en Ă©vidence un effet de l’assertivitĂ© sur la mĂ©moire : les stimuli relatifs Ă  la dominance sociale seront mĂ©morisĂ©s en prioritĂ© quelque soit l’assertivitĂ© du sujet.

Selon nos hypothĂšses, l’effet de l’assertivitĂ© sur les processus cognitifs est exclusivement observĂ© lorsque le sujet est placĂ© face Ă  une menace sociale, comme cela est simulĂ© dans les Ă©tudes prĂ©cĂ©dentes.

En ce qui concerne l’efficacitĂ© de la nouvelle technique thĂ©rapeutique Ă©laborĂ©e Ă  l’IME, les rĂ©sultats des deux Ă©tudes exploratoires (Lefrançois, Van Dijk, Bardel, Fradin, & El Massioui,2011 ; Lefrançois et al, en prĂ©paration) suggĂšrent qu’elle permet de diminuer les symptĂŽmes des troubles de l’assertivitĂ©. De plus, les techniques de TCC seraient complĂ©mentaires de cette nouvelle technique car leurs mĂ©canismes d’actions diffĂ©reraient : les TCC sont plutĂŽt orientĂ©es vers l’acquisition d’un comportement assertif tandis que la technique dĂ©veloppĂ©e Ă  l’IME modifierait le positionnement grĂ©gaire (PG) des individus. Nous supposons que ce PG influence l’acquisition naturelle des habiletĂ©s sociales et que sa modification dans le but d’atteindre un PG central (Ă©gal ou trĂšs proche de 0) facilite cette acquisition. Ainsi, la technique de modification du PG diminuerait durablement les symptĂŽmes des troubles de l’assertivitĂ© et cet effet serait supĂ©rieur dans le cas oĂč cette technique serait couplĂ©e Ă  celles des TCC.

Pour tester ces hypothĂšses, nous avons conçu un protocole de recherche en trois Ă©tapes. Dans un premier temps, les sujets sont caractĂ©risĂ©s de maniĂšre prĂ©cise en fonction de leur assertivitĂ©. Cette Ă©tape de caractĂ©risation nous permet de constituer 3 groupes : un groupe composĂ© d’individus soumis, un deuxiĂšme d’individus assertifs et un troisiĂšme d’individus dominants.

Dans un deuxiĂšme temps, ces trois groupes sont subdivisĂ©s en deux pour rĂ©aliser soit une tĂąche de mĂ©moire sociale soit une tĂąche de jugement. La tĂąche de mĂ©moire sociale est inspirĂ©e de celle de l’équipe de Terburg (2012) Ă  laquelle nous avons ajoutĂ© des conditions faisant intervenir des stimuli diffĂ©rents de ceux utilisĂ©s par ces auteurs. Elle nous permet de tester les capacitĂ©s attentionnelles et mnĂ©siques en fonction des stimuli prĂ©sentĂ©s et de l’assertivitĂ© des sujets.

Pendant la tĂąche de jugement, les sujets sont Ă©quipĂ©s d’un dispositif d’oculomĂ©trie et d’un casque EEG pour Ă©tudier leurs capacitĂ©s perceptives et attentionnelles ainsi que l’activitĂ© cĂ©rĂ©brale associĂ©e, face Ă  des visages exprimant la dominance, la soumission, la neutralitĂ© (attitude ni soumise ni dominante) ou une attitude naturelle (attitude naturellement adoptĂ©e par l’acteur photographiĂ©). Pendant les enregistrements de l’activitĂ© Ă©lectrique cĂ©rĂ©brale et des mouvements des yeux sur l’écran, les sujets ont pour consigne de dĂ©terminer le sexe des stimuli prĂ©sentĂ©s. Cette partie du protocole est une rĂ©plication de l’étude de Chiao et al. (2008), Ă  l’exception que nous introduisons trois nouvelles variables : l’assertivitĂ© des participants et des acteurs photographiĂ©s ainsi que les stimuli traduisant une expression naturelle.

La derniĂšre Ă©tape de ce protocole prĂ©voit de comparer l’efficacitĂ© de la technique de modification du PG de l’IME Ă  celle des techniques de TCC mais Ă©galement Ă  la combinaison de ces deux types de techniques. Pour cette Ă©tape, seuls les sujets soumis seront retenus et divisĂ©s en deux groupes. Le premier groupe bĂ©nĂ©ficiera de dix sĂ©ances de thĂ©rapie selon la technique de modification du PG puis dix autres selon les techniques de TCC. Le second groupe bĂ©nĂ©ficiera de ces deux techniques dans un ordre inversĂ©. L’évolution des symptĂŽmes des sujets sera Ă©valuĂ©e aprĂšs que la premiĂšre technique soit dispensĂ©e ainsi qu’aprĂšs que le suivi selon la seconde technique soit fini. Une Ă©valuation six mois aprĂšs les deux suivis sera Ă©galement effectuĂ©e pour mesurer leurs effets sur le moyen terme.

Pour mener Ă  bien cette recherche, nous allons concevoir une base de donnĂ©es comprenant des visages exprimant quatre Ă©motions (la joie, la peur, la colĂšre, la neutralitĂ©/aucune Ă©motion) et adoptant trois attitudes (la soumission, la dominance et le naturel). Les expĂ©rimentateurs feront en sorte que les acteurs photographiĂ©s adoptent les expressions non-verbales caractĂ©risant ces Ă©motions (Ekman et Friesen, 2003) et ces attitudes (Mignault & Chaudhuri, 2003; Chiao et al., 2008; Terburg et al., 2012), telles qu’elles sont dĂ©crites dans la littĂ©rature. Ces acteurs seront Ă©galement caractĂ©risĂ©s car nos hypothĂšses portent Ă  la fois sur l’assertivitĂ© des participants et sur l’assertivitĂ© des acteurs photographiĂ©s (stimuli). Or les bases de donnĂ©es existantes ne nous permettent pas de contrĂŽler l’assertivitĂ© des acteurs photographiĂ©s.

Vingt personnes (10 hommes et 10 femmes), qui ne participeront pas Ă  l’étude, contribueront Ă  la sĂ©lection des stimuli les plus reprĂ©sentatifs de la dimension exprimĂ©e sur les visages. Trois clichĂ©s par condition (Ă©motion exprimĂ©e ou attitude adoptĂ©e) et par sujet photographiĂ© leur seront prĂ©sentĂ©s simultanĂ©ment sur un Ă©cran d’ordinateur et elles devront choisir l’image qui exprime le mieux, selon elles, l’émotion ou l’attitude Ă©tudiĂ©e. Les stimuli sĂ©lectionnĂ©s seront utilisĂ©s pour les deux tĂąches cognitives.

En 2013, nous avons soumis le prĂ©sent projet de recherche au ComitĂ© de Protection des Personnes (CPP) d’Ile de France 1, Ă  l’Agence nationale de sĂ©curitĂ© du mĂ©dicament et des produits de santĂ© (ANSM) et Ă  la Commission Nationale de l’Informatique et des LibertĂ©s (CNIL). Nous avons reçu un avis favorable de ces trois organismes.

Nous avons ainsi pu rĂ©aliser la premiĂšre Ă©tape de notre protocole de recherche : 150 participants ont Ă©tĂ© recrutĂ©s et caractĂ©risĂ©s.  Notre recherche Ă©tant qualifiĂ©e de biomĂ©dicale par le CPP, un examen mĂ©dical a Ă©tĂ© pratiquĂ© sur chacun de ces participants avant qu’il intĂšgre le protocole.

En parallĂšle, 160 personnes (sur les 192 requises pour les besoins du prĂ©sent protocole) ont Ă©tĂ© photographiĂ©es pour constituer la base de donnĂ©es de visages. A ce jour, seulement un tiers de ces photographies a Ă©tĂ© testĂ©e par vingt personnes indĂ©pendantes Ă  l’étude.

Pour le prĂ©sent projet, les sujets « tout-venants » sont recrutĂ©s via la liste de diffusion du RISC (Relais d’information sur les sciences de la cognition) et le quotidien LibĂ©ration. Pour Ă©tudier les capacitĂ©s attentionnelles des sujets, ils seront Ă©quipĂ©s d’un dispositif d’oculomĂ©trie Tobii de 24 pouces. De plus, pour mesurer leur activitĂ© cĂ©rĂ©brale pendant qu’ils traitent les stimuli prĂ©sentĂ©s, les sujets porteront un casque EEG G.tec Ă  16 voies. L’IME ne disposant pas de ces deux dispositifs, nous avons sollicitĂ© le laboratoire auquel la doctorante en charge de ce projet est rattachĂ©e. Il s’agit du laboratoire CHArt (Cognitions Humaine et Artificielle, EA 4004). Une partie de la prĂ©sente recherche sera donc menĂ©e dans ce laboratoire et l’expĂ©rimentatrice utilisera son matĂ©riel.

Les analyses statistiques sur les donnĂ©es recueillies seront rĂ©alisĂ©es Ă  l’aide du logiciel Statistica.

 

5. Acquisition des connaissances

Les Ă©tudes menĂ©es dans le cadre de ce projet feront l’objet d’articles scientifiques afin de communiquer nos rĂ©sultats Ă  la communautĂ© scientifique. Ces Ă©tudes rĂ©pondront Ă  des problĂ©matiques actuellement posĂ©es par cette communautĂ©. D’une part, elles permettront de mieux comprendre l’effet de l’assertivitĂ© sur les processus cognitifs des individus et leur activitĂ© cĂ©rĂ©brale rĂ©sultante. D’autre part, elles proposeront une autre technique thĂ©rapeutique des troubles de l’assertivitĂ© que nous supposons efficace et cette efficacitĂ© pourra Ă©galement ĂȘtre testĂ©e par d’autres Ă©quipes dans le monde.

Par ailleurs, la base de donnĂ©es de visages pourra ĂȘtre utilisĂ©e dans les protocoles de recherche futurs. Outre cette utilisation Ă  des fins de recherche, nous envisageons d’autres utilisations opĂ©rationnelles telles que leur intĂ©gration Ă  des applications (questionnaires, supports pĂ©dagogiques destinĂ©s aux professionnels, e-learning, etc.) diffusĂ©es par le pĂŽle Conseil de l’IME et ses clients.

 

6. Ressources humaines
Nom Fonction dans le projet Nb total d’heures/jours affectĂ©es au projet
Farid El Massioui Superviseur 60 Heures
Jacques Fradin Direction de recherche 58 Heures
Riadh Lebib Chargée de projet 87 Heures
Aurélie Van Dijk Chargée du projet 1656 Heures

 

 

7. Références bibliographiques

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