Objectif principal : évaluation de l’impact du stress scolaire sur l’anxiĂ©tĂ© et la dĂ©pression de lycĂ©ens français (seconde Ă  terminale, bac sĂ©ries L, ES et S).
Objectifs secondaires : crĂ©ation d’outils de mesure fiables du stress scolaire (Validation exploratoire de l’échelle d’attitudes parentales perçues face Ă  la vie scolaire (EAPS) – Validation confirmatoire de la version française de l’échelle de stress scolaire (HSSS) de Burnett et Fanshawe (1997) – Validation exploratoire et confirmatoire de l’échelle de stress (VIPSO) – Validation exploratoire et confirmatoire de l’échelle des modes mentaux (EMM)).

Résumé           
L’étude du stress scolaire est un domaine de recherche rĂ©cent en France. Ce stress correspondrait Ă  l’effet global de tous les facteurs de stress liĂ©s Ă  l’école qui agissent sur l’enfant (Lempp, in Reinhard & Ott, 1994, p 108). Giron (2001) prĂ©cise qu’il est issu de la transaction entre l’enjeu reprĂ©sentĂ© par la rĂ©ussite scolaire et l’évaluation que l’élĂšve se fait de ses propres compĂ©tences pour y rĂ©pondre. Dans une Ă©tude rĂ©alisĂ©e auprĂšs de lycĂ©ens amĂ©ricains, Elkind (1984) identifie la demande scolaire comme premier facteur de stress scolaire, laquelle est perçue par les adolescents comme surpassant leurs capacitĂ©s intellectuelle et physique. À la suite des travaux d’Elkind, plusieurs Ă©tudes ont mis en Ă©vidence les relations parents/adolescents parmi les facteurs susceptibles d’influer sur le stress scolaire perçu des lycĂ©ens (Burnett & Fanshawe, 1996). D’autres recherches ont soulignĂ© l’existence d’un lien entre stress scolaire perçu et pression perçue en provenance de l’entourage (Lee, Wing, Chow, & McBride-Chang, 2006), lien nĂ©anmoins contestĂ© dans une rĂ©cente Ă©tude oĂč la pression perçue en provenance des parents se limite aux relations dyadiques parents/enfants (Zakari, Walburg, & Chabrol, 2008) et non aux relations triadiques parents/enfants/vie scolaire.
Cette recherche se propose d’examiner l’effet de la perception de l’attitude parentale (pression et soutien) sur le stress scolaire de lycĂ©ens français. Nous nous attendons Ă  trouver des scores de stress scolaire plus Ă©levĂ© chez les lycĂ©ens dont la pression parentale perçue est Ă©levĂ©e que chez ceux chez qui elle est faible.

 

Mise Ă  jour : mai 2016

 

NOM DU PROJET : AS9 – Etude des dĂ©terminants du stress scolaire de lycĂ©ens français.

Intitulé complet du Projet :

Phase 1: Identification de déterminants personnels et émotionnels du stress scolaire chez des lycéens français.

Phase 2 : Effets médiateurs des attitudes parentales et des modes mentaux entre les déterminants personnels et le stress scolaire de lycéens français.

Phase 3 : Modélisation du stress scolaire de lycéens français

Date de début : 2012 Date de fin : 2015

 

1. Objectifs du projet

L’échec scolaire reprĂ©sente une menace sociale majeure car Ă  ce jour ce sont encore 150000 Ă©lĂšves, soit 12,3 % d’une classe d’Ăąge (INSEE, 2006), qui sortent toujours de l’Ă©cole sans aucun diplĂŽme ni qualification. Le stress scolaire est une des variables explicatives de l’échec scolaire bien que sa modĂ©lisation, du moins dans le contexte du lycĂ©e, n’ait pas encore Ă©tĂ© mise Ă  jour et que le stress scolaire des lycĂ©ens reste trĂšs peu Ă©tudiĂ©.

Cette recherche se propose donc d’une part :

Objectif 1 : Étudier les effets directs de dĂ©terminants personnels comme le positionnement grĂ©gaire et de dĂ©terminants Ă©motionnels tels que la pression parentale perçue et le soutien parental perçu (Ă  l’égard de la vie scolaire) sur l’intensitĂ© du stress scolaire de l’adolescent. Nous Ă©tudierons Ă©galement le lien existant entre pression et soutien ainsi que les effets de ce lien sur le stress scolaire. Nous pensons que la perception d’une pression Ă©levĂ©e prĂ©dit un stress scolaire Ă©levĂ© mais que cette relation est modĂ©rĂ©e par la perception d’un soutien parental Ă©levĂ©. Nous faisons Ă©galement l’hypothĂšse que l’effet de la pression perçue est accentuĂ© chez les adolescents prĂ©sentant un trouble de l’assertivitĂ©.

Objectif 2 : De plus, nous Ă©tudierons les effets directs des mĂ©diateurs (modes mentaux, coping) sur l’intensitĂ© du stress scolaire perçu. Nous faisons l’hypothĂšse que les adolescents utilisant un mode mental adaptatif utilisent une stratĂ©gie de coping plus adaptĂ©e et donc que leur stress scolaire est moins Ă©levĂ© que celui des autres adolescents.

Objectif 3 : Enfin nous Ă©tudierons les variations Ă©ventuelles des effets de dĂ©terminants personnels (positionnement grĂ©gaire) et Ă©motionnels (perception des attitudes parentales selon l’utilisation de mĂ©diateurs (modes mentaux, coping) puis nous modĂ©liserons l’ensemble. À savoir Ă©tudier les effets mĂ©diateurs des modes mentaux (via le coping) entre des dĂ©terminants personnels (positionnement grĂ©gaire) et Ă©motionnels (perception des attitudes parentales) et le stress scolaire.

À ce jour, aucune Ă©tude Ă  grande Ă©chelle n’a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e pour connaitre les processus et mĂ©canismes du stress scolaire chez les adolescents. Ce projet permettra de mettre à  jour l’effet de plusieurs dĂ©terminants psychiques ce qui, Ă  terme, permettra 1) d’adapter les prises en charge clinique des adolescents Ă  risque, 2) d’informer et de former de maniĂšre plus prĂ©cise les diffĂ©rents acteurs en milieu scolaire (CPE, enseignants, infirmiĂšres scolaires).

 

2. État de l’art

En 2011, les frais engagĂ©s par la scolaritĂ© en France reprĂ©sentaient plus de 137 milliards d’euros (www.education.gouv.fr) soit 6,9% de la part du PIB, le taux de l’échec scolaire reprĂ©sente donc une perte importante sur le plan Ă©conomique. En outre, l’échec scolaire est en lien direct ou indirect avec d’autres problĂ©matiques sociales (notamment la dĂ©linquance) ou de santĂ© publique (addiction, troubles de l’alimentation..). Enfin, d’un point de vue psychique, il est extrĂȘmement dĂ©lĂ©tĂšre autant Ă  courts qu’à longs termes. Certains de ses dĂ©terminants sont d’ores et dĂ©jĂ  identifiĂ©s (contexte familial et social, difficultĂ©s d’apprentissage..) d’autres restent peu ou pas Ă©tudiĂ©s et notamment le processus du stress scolaire ainsi que ses nombreux liens avec la qualitĂ© de vie physique et psychique des adolescents.

Selon Lempp (1983), le stress scolaire correspond Ă  l’effet global de tous les facteurs de stress liĂ©s Ă  l’école et qui agissent sur l’élĂšve (in Reinhard & Ott, 1994, p. 108), il est Ă©galement dĂ©finit comme un Ă©tat de stress chronique prĂ©sent chez les Ă©lĂšves pour qui la demande perçue dĂ©passe les capacitĂ©s perçues (Ang & Huan, 2006 ; Elkind, 1984). Cette demande scolaire Ă©mane aussi bien de l’adolescent lui-mĂȘme, lorsqu’il se fixe des buts inatteignables, que de son entourage scolaire ou familial. La demande scolaire ne peut ĂȘtre dissociĂ©e de l’enjeu que reprĂ©sente l’école, lequel est vĂ©hiculĂ© autant par les parents, les pouvoirs publics que par les professeurs. L’enjeu naĂźt pour l’élĂšve, quand il estime que l’objectif Ă  atteindre mĂ©rite les efforts demandĂ©s et le stress scolaire serait alors issu de la transaction entre cet enjeu et l’évaluation que l’élĂšve fait de ses propres compĂ©tences pour y rĂ©pondre (Giron, 2001).

Lazarus et Folkman (1984) ont de leur cĂŽtĂ© modĂ©lisĂ© le processus du stress en dĂ©crivant des dĂ©terminants personnels (situation de l’individu, trait de personnalitĂ©, capacitĂ©s cognitives
), Ă©motionnels et situationnels ayant des effets sur la qualitĂ© de vie et la dĂ©tresse psychologique (dĂ©pression et anxiĂ©tĂ©), d’une part directs et d’autre part indirects, via des mĂ©diateurs telle l’évaluation cognitive de la situation aversive et des moyens Ă  disposition pour y faire face. Evaluation donnant lieu au stress, au contrĂŽle et au soutien social perçus et Ă  la maniĂšre de rĂ©agir face Ă  la situation (coping).

Parmi les dĂ©terminants personnels, le modĂšle du positionnement grĂ©gaire de Fradin et al. (2006) dĂ©finit la position sociale gĂ©nĂ©rale prise par un individu sur deux axes, un axe allant de la soumission Ă  la dominance et un autre allant du rapprochement social excessif Ă  l’évitement social. L’intersection de ces deux axes Ă©tant considĂ©rĂ©e comme une position assertive, soit « l’habiletĂ© d’un individu Ă  s’exprimer pour dĂ©fendre ses droits sans empiĂ©ter sur ceux d’autrui » (Salter, 1949). Tout Ă©loignement de ce point central reprĂ©sente un trouble mineur ou majeur de l’assertivitĂ© gĂ©nĂ©rant alors stress et donc, Ă  termes, anxiĂ©tĂ©, dĂ©pression et altĂ©ration de la qualitĂ© de vie. Par ailleurs, en termes cognitifs (ou neurocognitifs), Fradin et al. (2008) postulent que la flexibilitĂ© mentale (ou mode mental adaptatif) permet une meilleure Ă©valuation de la situation et en consĂ©quence l’utilisation de stratĂ©gies de coping plus adaptĂ©es que la rigiditĂ© intellectuelle (ou mode mental automatique). Sachant que l’individu peut apprendre Ă  passer d’un mode mental automatique Ă  un mode mental adaptatif, par consĂ©quent si l’effet dĂ©lĂ©tĂšre du mode mental automatique sur le stress scolaire des lycĂ©ens est dĂ©montrĂ©, il sera alors possible d’envisager des solutions pour aider l’adolescent Ă  modifier l’utilisation de ses modes mentaux.

Sur le plan situationnel et Ă©motionnel, Giron (2001) prĂ©cise que l’enjeu de l’école est aussi celui de la socialisation, soit de la rĂ©ussite de l’entrĂ©e dans la sociĂ©tĂ© qui est communĂ©ment considĂ©rĂ©e comme nĂ©cessaire et impĂ©rative. L’enfant est trĂšs tĂŽt confrontĂ© Ă  cette injonction qui prend pour lui la forme d’une pression qu’il va intĂ©rioriser. Aussi, les pairs, les professeurs, le systĂšme scolaire en lui-mĂȘme (emplois du temps, classes surchargĂ©s 
), peuvent donc ĂȘtre ressentis comme source de stress tout comme certaines attitudes parentales Ă  l’égard de la rĂ©ussite de leur enfant. Selon Epstein (1992), les pratiques parentales inhĂ©rentes Ă  la vie scolaire de leur enfant renvoient essentiellement au rĂŽle tenu par les parents dans l’accompagnement scolaire. Deslandes (1998) estime, quant Ă  elle, que ces pratiques revĂȘtent de multiples facettes qu’elle regroupe en cinq dimensions : 1/ soutien affectif, 2/ communication parents-enseignants, 3/ interactions parents-adolescents relatives au quotidien scolaire, 4/ communication parents-Ă©cole (CPE, proviseur 
), 5/ communication parents-adolescents. La perception que l’adolescent a des attitudes de ses parents serait en lien avec le stress scolaire perçu. En effet, diverses Ă©tudes ont soulignĂ© que les dĂ©sirs parentaux Ă  l’égard de la rĂ©ussite scolaire dĂ©clencheraient un stress scolaire Ă©levĂ© chez les adolescents, notamment quand ces derniers perçoivent les dĂ©sirs de leurs parents comme allant Ă  l’encontre des leurs ou comme insurmontables (Burnett & Fanshawe, 1996 ; Struthers, Pery & Menec, 2000 ; Lee, Wing, Chow, & McBride-Chang, 2006). Ce lien est nĂ©anmoins contestĂ© par Zakari, Walburg, et  Chabrol (2008) pour qui la pression perçue en provenance des parents se limite aux relations dyadiques parents/enfants et non aux relations triadiques parents/enfants/vie scolaire. Par ailleurs, si l’adolescent perçoit les attitudes parentales au sujet de l’école comme une pression, elles peuvent, Ă  l’inverse, ĂȘtre perçues comme un soutien alors en lien avec un faible niveau de stress scolaire. Les rĂ©sultats de l’étude de Bergonnier-Dupuy, Esparbes-Pistre et Lacoste (2004) indiquent, en effet, que plus l’adolescent pense que ses parents le soutiennent dans sa scolaritĂ©, plus le niveau de stress est faible et il apparaĂźt que ce niveau de stress est d’autant plus faible que l’adolescent pense que ses parents le fĂ©licitent souvent pour son travail scolaire. Ces rĂ©sultats viennent corroborer des rĂ©sultats antĂ©rieurs selon lesquels les adolescents qui perçoivent un soutien parental actif prĂ©sentent un meilleur ajustement scolaire (Steinberg, Lamborn, Dornbusch & Darling, 1992 ; Deslandes & Potvin, 1998).

 

3. Aléas, incertitudes scientifiques, verrous technologiques

Toutes les recherches citĂ©es ci-dessus ont nĂ©anmoins pour limite d’étudier soit la pression perçue soit le soutien perçu mais aucune, Ă  notre connaissance, ne propose de tester l’hypothĂšse d’un lien entre pression et soutien. En outre, il n’existe aucune recherche, Ă  notre connaissance, portant sur l’effet de l’utilisation des modes mentaux, pas plus que sur celui du positionnement grĂ©gaire en milieu scolaire.

Par ailleurs, toute recherche incluant des variables psychologiques reste sensible et demande un grand recul Ă©thique et dĂ©ontologique, ce qui s’avĂšre encore plus prĂ©gnant quand il s’agit d’enfants ou d’adolescents et bien davantage lorsque les recherches ont lieu en milieu scolaire. La mise en place de cette recherche a donc nĂ©cessitĂ© l’établissement d’un comitĂ© d’experts indĂ©pendants (Ă©thique et scientifique) afin d’obtenir la meilleure mise en perspective possible. L’ensemble des points suivants a Ă©tĂ© identifiĂ© et traitĂ© afin de rĂ©pondre au maximum des exigences de terrain : autorisation parentale, prĂ©sentation prĂ©cise de la recherche aux divers intervenants et aux parents, prĂ©venir les rĂ©actances psychologiques des enseignants et CPE, proposition de compte-rendu dĂ©taillĂ© aux rectorats et chefs d’établissement, garantie de l’anonymat des Ă©lĂšves, prĂ©vention des risques psychiques (recherche terrain menĂ©e uniquement par des psychologues cliniciens, exclusion des classes oĂč l’un des Ă©lĂšves auraient perdu ses parents ou rencontrerait des difficultĂ©s psychiques importantes).

 

4. Travaux R&D réalisés, démarche expérimentale

Le protocole de recherche contient neuf questionnaires dont deux restent Ă  valider chez les adolescents. Toute validation scientifique d’outils de mesure nĂ©cessite une grosse taille d’échantillon. Nous avons donc sollicitĂ© les rectorats de Bordeaux, Toulouse et Montpellier (grand sud) afin de pouvoir disposer d’un Ă©chantillon d’environ 15 000 Ă©lĂšves rĂ©partis autant dans des lycĂ©es privĂ©s que publics, et dans des zones gĂ©ographiques recouvrant l’urbain et le rural. Par ailleurs, et afin d’obtenir un effet significatif des dĂ©terminants Ă  la fois personnels et situationnels d’une taille d’au moins .5, avec un risque alpha de 0.05 et un risque bĂ©ta de 0.80, et compte-tenu du nombre de variables Ă©tudiĂ©es 11000 sujets sont nĂ©cessaires. En effet, nous considĂ©rons un facteur d’inflation F=1+(m-1)rho, oĂč rho est le coefficient intra-classe de corrĂ©lation (CCI) qui quantifie la corrĂ©lation Ă  l’intĂ©rieur d’un mĂȘme groupe d’une taille de 0.05. De plus, si on considĂšre l’effet lycĂ©e, le nombre de sujet doit ĂȘtre augmentĂ© de 1.2, soit un total de 13200 sujets.

Les effets ainsi démontrés pourront ouvrir la voix à des recherches interventionnelles visant à évaluer diverses prises en charge adaptées du stress scolaire.

À ce jour, les rectorats de Toulouse et Bordeaux ont donnĂ© leur accord. Les lycĂ©es de la rĂ©gion Languedoc Roussillon ont Ă©galement Ă©tĂ© contactĂ©s via une association universitaire « psychologie et sport », cette derniĂšre disposant d’une autorisation annuelle. Le rectorat du Languedoc-Roussilon sera de nouveau sollicitĂ© en 2014 (annĂ©e scolaire 2014-2015), il nous a en effet Ă©tĂ© demandĂ© de procĂ©der ainsi (voie associative) pour l’annĂ©e 2013-2014 Ă  cause d’un changement de recteur et d’une prise de poste en cours.

Parmi les 4600 Ă©lĂšves dĂ©jĂ  interrogĂ©s, nous avons extrait un Ă©chantillon de façon alĂ©atoire afin 1/ de rĂ©pondre Ă  l’objectif 1 2/ de valider les questionnaires non encore validĂ©s scientifiquement et notamment les questionnaires issus de recherches amĂ©ricaines (cf. HSSS).

Nous avons donc analysĂ©s les rĂ©ponses de 608 (60,8%) filles et 392 (39,2%) garçons ĂągĂ©s de 13 Ă  20 ans (M =16,26, ET = 1,2). Ces adolescents sont pour 41,7% (N = 417) scolarisĂ©s en classe de seconde, 24,5% sont scolarisĂ©s en classe de premiĂšre L, ES ou S ( N = 245) et 33,8% sont scolarisĂ©s en classe de terminale L, ES ou S (N = 338). La modĂ©lisation du stress scolaire se divise en 5 dimensions : Ă©valuations Ă©crites, Ă©valuations orales, prĂ©occupations vis-Ă -vis de l’avenir, relations avec les enseignants, et organisation personnelle.

Pour ce qui concerne les dĂ©terminants personnels nous notons que le trait d’anxiĂ©tĂ© a un effet nĂ©gatif sur le stress envers les Ă©valuations Ă©crites (r2 = 0,23 ; ÎČ =  4,96, p < .001), les Ă©valuations orales (r2 = 0,009, p < .005, ÎČ = 0,098) et les prĂ©occupations vis-Ă -vis de l’avenir (r2 = 0,04, ÎČ = 0,195, p < .001). Le trait de soumission a quant Ă  lui un effet nĂ©gatif sur le stress envers les Ă©valuations Ă©crites (r2 = 0,005, p < .05,  ÎČ = -0,79), les Ă©valuations orales (r2 = 0,073, p < .05 ; ÎČ = -0,271), les prĂ©occupations vis-Ă -vis de l’avenir (r2 = 0,006, p < .01 ; ÎČ = -0,08), l’organisation personnelle (r2 = 0,008, p < .01 ; ÎČ = -0,10), Ă  l’inverse c’est le trait de dominance qui a un effet nĂ©gatif sur le stress liĂ©s aux relations avec les enseignants (r2 = 0,02, p < .001 ; ÎČ = 0,15). Le fait d’ĂȘtre marginal (Ă©vitement social) augmente le stress liĂ© aux Ă©valuations Ă©crites (r2 = 0,09, p < .01 ; ÎČ = 0,10), aux prĂ©occupations vis-Ă -vis de l’avenir (r2 = 0,023, p < .001, ÎČ = 0,15) et aux relations avec les enseignants (r2 = 0,008, p < .001, ÎČ = 0,09).

Pour ce qui concerne les déterminants émotionnels, les attitudes parentales perçues négativement (pression) augmente le stress lié aux évaluations écrites (r2 = 0,011,
p < .001 ; ÎČ = 0,11) et aux Ă©valuations orales (r2 = 0,006, p < .01, ÎČ = 0,08). A l’inverse, les attitudes parentales perçues positivement (soutien) diminuent le stress liĂ© aux Ă©valuations Ă©crites (r2 = 0,011, p < .01 ; ÎČ = – 0,11). Le fait d’ĂȘtre en conflit avec l’un de ses deux parents augmente le stress liĂ© aux Ă©valuations Ă©crites (r2 = 0,025, p < .001, ÎČ = 0,16), aux prĂ©occupations vis-Ă -vis de l’avenir (r2 = 0,021, p < .001, ÎČ = 0,15) et aux relations avec les enseignants (r2 = 0,020, p < .001, ÎČ = 0,15). Inversement, la perception d’une relation stable et profonde avec l’un des deux parents au moins diminue le stress liĂ© Ă  l’organisation personnelle (r2 = 0,006, p < .01, ÎČ = 0,08).

Autant les effets de dĂ©terminants personnels (traits de personnalitĂ©) ont un poids relativement importants dans le modĂšle avec une explication de la variance se montant Ă  33,2% autant les relations parentales ont un poids plus relatif (19,2% de variance expliquĂ©e), nĂ©anmoins les deux formes de dĂ©terminants prĂ©sentent des effets directs significatifs sur la variance des dimensions du stress scolaire.  Ces rĂ©sultats sont encourageants et prouvent l’intĂ©rĂȘt de la poursuite d’une telle Ă©tude.

 

5. Indicateurs de R&D

Les résultats concernant le premier objectif sont en cours de publication et ont présentés briÚvement ci-dessus.

NĂ©anmoins, deux prĂ©sentations ont d’ores et dĂ©jĂ  Ă©tĂ© effectuĂ©es auprĂšs de la communautĂ© scientifique :

de Chalvron, S., Bénard, S., Fradin, J. & Cousson-Gélie, F. (2013). Moderating effect of positive parental attitudes on IQ and academic stress link. Communication presented to the 27th conference of the European Health Psychology Society, Bordeaux, France.

de Chalvron, S., Fradin, J. & Cousson-Gélie, F. (2013). Différence de perception du soutien parental et de la qualité de vie entre des adolescents atteints de maladie chroniques somatiques et leurs parents. Journées Nationales SFPEADA, « familles et soins aux enfants », Montpellier, France.

 

6. Acquisition des connaissances

Recherche en cours

A terme, nous espĂ©rons mesurer l’effet de plusieurs dĂ©terminants psychiques du stress scolaire afin d’adapter les prises en charge clinique des adolescents Ă  risque, et d’informer et de former de maniĂšre plus prĂ©cise les diffĂ©rents acteurs en milieu scolaire (CPE, enseignants, infirmiĂšres scolaires).

 

7. Ressources humaines
Nom Fonction dans le projet Nbre heures/jours consacrĂ©es Ă  la Phase N Nb total d’heures/jours affectĂ©es au projet

De Chalvron

Stéphanie

Ingénieur de recherche 273 heures 273 heures
Lafaye Anaßs Chargée de projet de recherche 546 heures 546 heures
Fradin Jacques Directeur IME 91 heures 73 heures
Porro Bertrand Psychologue 548 heures 548 heures

 

8. Références bibliographiques

Ang, R.P. & Huan, V.S. (2006). Relationship between academic stress and suicidal ideation: Testing for depression as a mediator using multiple regression. Child Psychiatry, 37(2), 133-143.

Bailey, L., & Halley, J. (2006). The influence of intelligence on coping style selection. Journal of Clinical Psychology, 39(6), 901-908.

Bergonnier-Dupuy, G., EsparbĂšs-Pistre, S. & Lacoste, S. (2005). Perception du soutien familial Ă  la scolaritĂ© et stress au collĂšge. In G. Bergonnier-Dupuy (ed), L’enfant acteur et/ou sujet au sein de la famille (pp. 113-122). Ramonville Saint-Agne: ERES.

Bergonnier-Dupuy, G., Esparbes-Pistres, S., & Lacoste, S. (2005). Perception du soutien familial Ă  la scolaritĂ© et stress au collĂšge. Dans G. Bergonnier-Dupuy, L’enfant acteur et/ou sujet au sein de la famille (pp. 113-122). Ramonville Saint-Agne: ERES.

Burnett, P.-C. & Fanshawe, J. P. (1997). Measuring school-related stressors in adolescents. Journal of Youth and Adolescence 26(4), 415-428.

Deslandes, R., Bouchard, P. & Saint-Amant, J.-C. (1998). Parents démocratiques et enfants autonomes. Dynamique familiale de la réussite scolaire ? Service social, 47(3-4), 221-246.

Deslandes, R. & Potvin, P. (1998). Les comportements des parents et les aspirations scolaires des adolescents. La revue internationale de l’éducation familiale, 2(1), 9-24.

Elkind, D. (1984). Ties that stress: The new family imbalance. Cambridge: Harvard University Press.

Epstein, J.L. (2001). School, family and community partnerships: Preparing educators and improving schools. Boulder, CO: Westview Press.

Fradin, J. & Fradin, F. (2006). Personnalités et psychophysiopathologie [Personalities and psycho-physio-pathological problems]. Paris, France : Publibook.

Fradin, J., Aalberse, M., Gaspar, L., Lefrançois, C., & Le Moullenc, F. (2008). L’Intelligence du stress. Paris : Éditions d’Organisation, Eyrolles.

Giron, C. (2001). Le stress Ă  l’école. Nancy-Metz : C.I.F.I.S.E.M.

Huan, V., Yeo, L., Ang, R., & Chong, W. (2006). The influence of dispositional optimism and gender on adolescents’ perception of academic stress. Adolescence, 41(163), 533-546.

Lazarus, R.S. & Folkman, S. (1984). Stress, coping and adaptation. New-York: Springer.

Lee, M.T.-Y., Wong, B., Chow, B.W.-Y. & McBride-Chang, C. (2006). Predictors of suicide ideation and depression in Hong Kong adolescents: Perceptions of academic and family climates. Suicide and Life-Threatening Behavior, 36, 82-96.

Reinhard, H., & Ott, G. (1994). Stress scolaire et personnalité. Dans M. Bolognini, B. Plancherel, R. Nunez , & W. Bettschart, Préadolescence, Théorie, Recherche et Clinique (pp. 107-118). Paris: ESF.

Steinberg, L., Lamborn, S.D., Dornbusch, S.M. & Darling, N. (1992). Impact of parenting pratices on adolescent achievement : Authoritative parenting, school involvement, and encouragement to suceed. Child Development, 63, 1266-1281.

Struthers, C., Perry, R., & Menec, V. (2000). An examination of the relationships among academic stress, coping motivation and performance in college. Research in Higher Education 41(5), 581-592.

Zakari, S., Walburg, V., & Chabrol, H. (2008). Influence de la pression perçue par les lycéens français sur le stress scolaire. Journal de thérapie comportementale et cognitive, 18, 108-112.

 

 

 Autres Programmes 

 

NOM DU PROJET : AS10 QualitĂ© de vie et stress au travail. Étude des effets directs et indirects du positionnement grĂ©gaire via la gestion des modes mentaux sur le stress professionnel et le burnout.
Date de début : 2011 Date de fin : 2015
R – Psychologie – Psychologie de la santé 

 

1. Objectifs

Dans le cadre de l’étude et de la prise en charge des risques psycho-sociaux, dĂ©terminer les diffĂ©rents stresseurs professionnels, connaĂźtre la façon dont les individus gĂšrent ces stresseurs lorsqu’ils sont confrontĂ©s Ă  des situations hautement stressantes et identifier les processus mis en jeu afin de diminuer, tolĂ©rer ou maĂźtriser ces stresseurs, sont des prĂ©occupations majeures de l’IME. Cela reprĂ©sente Ă©galement un apport potentiellement important en termes de connaissances sur l’utilisation efficace des stratĂ©gies de coping lors de situations stressantes/aversives.

Cette Ă©tude a Ă©tĂ© initiĂ©e afin de construire un protocole capable d’évaluer prĂ©cisĂ©ment le stress professionnel, de dĂ©terminer les sources de stress et ses rĂ©sultantes.

En secteur hospitalier, le stress professionnel est impliquĂ© dans la dĂ©gradation de la relation patient/soignant (Dyrbye et al., 2008) dans l’augmentation des erreur mĂ©dicales et dans l’absentĂ©isme. Il entraine Ă©galement une dĂ©tĂ©rioration de la santĂ© physique et mentale et de la qualitĂ© de vie des personnels de soin (Halbesleben, 2006). On retrouve les mĂȘmes implications Ă©conomiques et psychiques chez les enseignants et formateurs. Ces deux secteurs d’activitĂ© Ă©tant des professions d’aide par le biais des soins ou de l’apprentissage, il existe des particularismes dont certains peuvent ĂȘtre probablement retrouvĂ© dans d’autres professions de secteurs divers.

Pouvoir identifier les particularités communes à diverses professions pour identifier les professions les plus à risque ainsi que les déterminants du stress professionnel les plus prégnants en fonction des professions.

Une population de 2000 individus est visĂ©e afin de modĂ©liser l’ensemble des variables (dĂ©terminants et mĂ©diateurs) et donc d’extraire un pourcentage de variance significatif ce qui permettrait aux personnes chargĂ©es de la prise en charge du stress professionnel (psychologue, coach et conseil) d’adapter les prises en charge (au niveau individuel et groupal).

 

2. État de l’art

En France, depuis prĂšs de 10 ans, la recherche se penche sur l’ensemble des risques encourus par les individus dans le cadre de l’exercice de leur profession, risques pouvant porter atteinte a leur intĂ©gritĂ© physique et/ou mentale. Ces risques sont suivis de l’adjectif  « psychosociaux » (RPS) car ils se trouvent Ă  l’intersection du psychisme de l’individu et de sa situation professionnelle. Ainsi, ils intĂ©ressent des champs scientifiques aussi variĂ©s que la psychologie, la sociologie, la mĂ©decine, l’ergonomie l’économie, le droit
 NĂ©anmoins la littĂ©rature commence Ă  peine Ă  s’emplir d’articles transdisciplinaires, pourtant le besoin de connaissances sur le sujet semble urgent puisque c’est 24,9% des travailleurs indĂ©pendants et 21,3% des employĂ©s europĂ©ens qui se plaignent de stress professionnel (Milczarek et al., 2009). De la mĂȘme maniĂšre, plusieurs Ă©tudes ont mis en Ă©vidence qu’un travailleur sur trois dĂ©clare un stress professionnel et que 60% des journĂ©es de travail perdues le sont Ă  cause du stress. Les facteurs de stress professionnel ont Ă©tĂ© identifiĂ©s par Cox et al. (2000) : la culture et la fonction organisationnelles de l’entreprise, le rĂŽle du salariĂ©, le plan de carriĂšre, la libertĂ© dĂ©cisionnelle, les relations interpersonnelles, la relation vie privĂ©e / vie professionnelle, le milieu de travail et les Ă©quipements, la conception des tĂąches, la charge et le rythme de travail, et le planning.

Au  niveau psychosocial, il existe actuellement deux modĂšles reconnus sur le plan international en raison de leur apport considĂ©rable Ă  la production de connaissances scientifiques solides concernant l’importance des effets de dĂ©terminants sociaux et psychologiques liĂ©s au travail sur l’apparition et le maintien de plusieurs maladies psychiques et somatiques. Il s’agit du modĂšle « dĂ©sĂ©quilibre: effort/ rĂ©compense » de Siegrist et du modĂšle « demande-autonomie‐soutien au travail » de Karasek et Theorell, ce dernier modĂšle a Ă©tĂ© enrichi, en 1990, par le concept de soutien social sous  ses trois dimensions : rĂ©seau de soutien, comportements de soutien et apprĂ©ciation subjective du soutien. Ces modĂšles ont permis de mettre en Ă©vidence les liens entre le stress professionnel et les maladies cardiovasculaires ainsi qu’avec les troubles de la santĂ© mentale.

Le modĂšle « demande-autonomie-soutien au travail » repose sur le constat qu’une situation de travail oĂč les demandes psychologiques (provocant des tensions appelĂ©es « Job strain ») sont fortes et oĂč l’autonomie dĂ©cisionnelle est faible, augmente le risque de maladies physiques et/ou mentales (figure 1). Les demandes psychologiques renvoient Ă  la quantitĂ© de travail Ă  accomplir, aux exigences cognitives et aux contraintes de temps. L’autonomie dĂ©cisionnelle renvoie autant Ă  la capacitĂ© qu’à la libertĂ© de prendre des dĂ©cisions dans son travail, Ă  la possibilitĂ© de crĂ©er et d’innover ainsi que d’utiliser et de dĂ©velopper ses habiletĂ©s.

Figure 1. ModĂšle de Karazek et Theorell

Figure 1. ModĂšle demande-autonomie‐soutien au travail » de Karasek et Theorell,

En 1990, le concept de soutien social, sous ses trois dimensions : rĂ©seau de soutien, comportements de soutien et apprĂ©ciation subjective du soutien a Ă©tĂ© ajoutĂ© au modĂšle de Karasek. Dans le travail, le soutien social associe les interactions sociales disponibles comme effectives au travail, tant de la part des collĂšgues que de la hiĂ©rarchie. Par ailleurs, la crise Ă©conomique, les contraintes de rentabilitĂ©, les nouveaux modes de gestion du personnel souvent associĂ©s Ă  cette crise, entravent fortement l’esprit d’équipe comme le sentiment de valeurs partagĂ©es, sans omettre des dĂ©bordements de plus en plus frĂ©quents menant Ă  du harcĂšlement moral. La littĂ©rature dĂ©montre largement que l’association d’un trop de demandes, d’un manque de soutien et d’une limitation voire d’une suppression de l’autonomie a des effets dĂ©lĂ©tĂšres sur la santĂ© psychique des individus, elle gĂ©nĂšre dĂ©pression, dĂ©tresse psychologique, Ă©puisement professionnel (et/ou Burnout pour les professions concernĂ©es) et consommation accrue de psychotropes (Borritz, 2005 ; Moisan, 1999 ; Stansfeld, S. 1999 ; Rugulies, 2006).

Le modĂšle « dĂ©sĂ©quilibre : effort/reconnaissance » (Siegrist, 1996) repose sur le constat qu’une situation de travail oĂč on trouve une association entre des efforts Ă©levĂ©s et une faible reconnaissance en rapport Ă  ces effort s’accompagne de troubles Ă©motionnel et physiologique. Les faibles reconnaissances concernent aussi bien un salaire jugĂ© insuffisant, qu’un manque d’estime et de respect ou qu’une insĂ©curitĂ© de d’emploi comme de faibles perspectives de promotion. Ce manque de reconnaissance agit en dĂ©tĂ©riorant l’estime de soi ce qui entraĂźne des troubles psychologiques comme la dĂ©pression, l’épuisement professionnel, la dĂ©tresse psychologique Ă©levĂ©e ou mĂȘme le suicide.

Si, de nombreuses recherches tĂ©moignent d’un lien entre ces deux modĂšles causalistes et des critĂšres psychologiques (dĂ©pression, Ă©puisement
), les mĂ©ta-analyses (KivimĂ€ki  et al. 2003 ; Stansfeld et al. 2006, 2008) confirment ce lien mais soulignent Ă©galement  des biais mĂ©thodologiques notamment celui de la non-prise en compte des facteurs de confusion (Ă©vĂ©nements de vie, antĂ©cĂ©dents psychologiques, compĂ©tences cognitives
) hormis l’ñge et le genre.

En effet, ces modĂšles sociologiques partent du principe que les situations sont objectives, mais, de l’aspect psychologique, ce qui est relevĂ©, c’est au contraire, l’aspect subjectif. De mĂȘme en ergonomie, le modĂšle de l’activitĂ© de GuĂ©rin et al. (2001) prend en compte ce qui est appelĂ© « l’évaluation cognitive de la situation de travail ». Mais, comme soulignĂ© dans les mĂ©ta-analyses prĂ©citĂ©es, trĂšs peu de recherches se sont penchĂ©es sur les dĂ©terminants de ces deux modĂšles. A savoir pourquoi certains individus perçoivent davantage une demande comme Ă©tant forte, un soutien comme Ă©tant faible et une restriction de leur autonomie que d’autres, et ce alors que le contexte est objectivement identique (toutes choses Ă©gales par ailleurs), pourquoi encore, certains Ă©prouvent sensation de faire beaucoup d’efforts pour en obtenir peu de reconnaissance et pas d’autres, toujours dans une situation objectivement identique (Langelaan et al. 2006). Un lien direct entre les traits de personnalitĂ© et autres caractĂ©ristiques personnelles (situation familiale, revenus de la famille, antĂ©cĂ©dents psychologiques, dĂ©terminants physiques, dĂ©terminants cognitifs..), ou encore le contexte professionnel lui-mĂȘme (type d’entreprise, de profession, secteur Ă©conomique
) et l’épuisement professionnel ou le Burnout a souvent Ă©tĂ© recherchĂ©, mais, si ce lien est dĂ©montrĂ©, par exemple, les traits de personnalitĂ©, notamment en rĂ©fĂ©rence au Big Five sont bien en relation Ă  l’épuisement professionnel ou Ă  la dĂ©pression (Alarcon et al. 2009), pour celui concernant les facteurs de confusion et ces deux modĂšles causalistes « demande-autonomie-soutien » et « dĂ©sĂ©quilibre-effort-reconnaissance », les rĂ©sultats sont nettement moins frĂ©quents sont plus controversĂ©s (revue de littĂ©rature en cours). À ce titre, les recherches englobant des antĂ©cĂ©dents psychologiques sont quasi absentes de la littĂ©rature. Nos recherches en ce sens montrent, par exemple, qu’aucune n’a pris en compte les Comportements Automatiques d’Evitement Social (CAES) (Fradin et al. 2004, 2008). Ces comportements peuvent ressembler Ă  la phobie sociale Ă  ceci prĂšs que ces comportements sont liĂ©s Ă  une atteinte du cortex nĂ©olimbique (notamment gyrus cingulaire) et qu’ils engendrent un autre comportement dit “de substitution”. Le comportement d’évitement est un hypo-fonctionnement que le sujet va compenser par un hyper-fonctionnement afin de pouvoir s’adapter Ă  la situation, mais lorsque ce dernier comportement (hyper-fonctionnement) ne permet pas au sujet qui l’adopte de parvenir Ă  son objectif (masquer son hypo-fonctionnement), l’ensemble devient alors pathogĂšne gĂ©nĂ©rant d’autres pathologies psychiques (notamment dĂ©pression). Dans un cadre professionnel ce fonctionnement hypo-hyper pourrait Ă©galement ĂȘtre pathogĂšne pour la systĂ©mique de la communautĂ© de travail, ce qui a, Ă  notre connaissance jamais Ă©tĂ© explorĂ©. Un autre concept, non explorĂ© Ă  notre connaissance dans un champ professionnel, concerne l’assertivitĂ© laquelle est reprĂ©sentĂ©e par la capacitĂ© d’adaptation sociale d’un individu dans des situations d’exposition sociale (Breyois et al. 2005). Il s’agirait d’une fonction complexe, et hĂ©tĂ©rogĂšne qui pourrait, selon Fradin et al. (2008), ĂȘtre mesurĂ©e Ă  l’aide de quatre indicateurs : les comportements de soumission, les comportements de dominance, la marginalitĂ© et l’axialitĂ© (ou intĂ©gration des rapports Ă  autrui). En fonction de la position de l’individu sur ces quatre indicateurs, il serait alors possible de dĂ©finir son degrĂ© d’assertivitĂ©.

Par ailleurs, on parle de modĂšles « causal » au sujet des modĂšles de Karasek et Siegrist , parce que, bien qu’interactionnistes (c’est l’interaction de plusieurs facteurs qui a un effet sur les diverses pathologies), ils n’intĂšgrent pas la transaction entre l’individu et son environnement. Or, le stress correspond davantage Ă  une transaction entre l’individu et l’environnement dans laquelle la situation est Ă©valuĂ©e comme dĂ©bordant ses ressources et menaçant son bien-ĂȘtre (Lazarus et al. 1984). Au plan conceptuel, le modĂšle transactionnel du stress est centrĂ© sur l’organisation complexe des transactions entre facteurs situationnels et facteurs liĂ©s aux modes de rĂ©action (coping) des individus. Selon ce modĂšle, pour le salariĂ© (ou plus largement tout travailleur) les tensions internes (Ă©motions) ainsi que l’identification de leurs causes permettraient de demeurer efficace (Lazarus et al. 1995, 1999). Ces tensions contribueraient Ă  l’élaboration de la perception de la situation (stress perçu, contrĂŽle perçu, soutien social perçu), perception sur laquelle le salariĂ© s’appuierait pour prendre des dĂ©cisions et orienter ses actions. À ce niveau, les Ă©motions auraient donc un rĂŽle adaptatif, ce, que ces Ă©motions soient positives ou nĂ©gatives et, les troubles psychologiques surviendraient en cas de mauvaise adaptation voire de dĂ©faut d’adaptation. En effet, selon l’hypothĂšse des marqueurs somatiques de Damasio (1994), les Ă©motions reprĂ©sentent une source d’informations capitale pour l’ajustement et donc pour le maintien d’un niveau de performance qui tient compte Ă  la fois des difficultĂ©s intrinsĂšques Ă  la situation et de leur interaction avec les ressources personnelles de l’individu. Ainsi, toujours selon Damasio, la suppression de la capacitĂ© Ă  « lire » les Ă©motions d’une situation peut altĂ©rer la capacitĂ© Ă  prendre une dĂ©cision compatible avec la santĂ© des personnes qu’elle engage (Damasio, 1994, 1999 ; Loewenstein, 2003). Dans un cadre professionnel, l’importance de la lecture des Ă©motions sort du cadre de la santĂ© individuelle pour rejoindre celui de la santĂ© d’une communautĂ© de travailleurs et de la santĂ© d’une entreprise ou d’un service. Quand il est symĂ©trique, le partage des Ă©motions participe au renforcement du sentiment d’appartenance Ă  cette communautĂ©, dans le cas inverse, il entraĂźne une problĂ©matique d’isolement laquelle gĂ©nĂšre un manque (une tendance Ă  la rumination, et un Ă©ventuel enfermement dans des solutions inefficaces) pour l’individu qui vit l’isolement, et une perte (moindre apprentissage des expĂ©riences) pour le collectif.  En outre, des problĂšmes rĂ©currents au niveau d’un collectif ne seraient pas traitĂ©s comme tels mais abordĂ©s Ă  chaque fois comme des rĂ©alitĂ©s individuelles situation (Cazabat et al. 2008 ; Caroly  et al. 2007). Ici, la notion de « partage social » est diffĂ©rente de celle du « soutien social » (Cobb, 1976 ; House, 1981). Bien que le soutien social soit considĂ©rĂ© dans de nombreux modĂšles (notamment Karasek & Theorell, 1990) comme un modĂ©rateur/mĂ©diateur de l’effet des «stresseurs» issus d’un environnement de travail, les outils pour le mesurer ne rendent pas compte de la situation dynamique (Cazabat et al. 2008 ; Caroly et al. 2007). L’un (soutien social) concernerait donc une dimension individuelle et l’autre (partage social) une dimension collective, avec des interactions possibles entre les deux concepts. Il n’en demeure pas moins que l’ensemble des mĂ©diateurs (coping, stress perçu, contrĂŽle perçu, soutien social perçu, partage social) ne sont que trĂšs peu mesurĂ©s dans les recherches exploitant les modĂšles de Karasek et de Siegrist. De mĂȘme certains concepts, dĂ©jĂ  citĂ©s comme dĂ©terminants (assertivitĂ©, hypo/hyper) n’ont pas non plus Ă©tĂ© testĂ©s comme mĂ©diateurs alors qu’ils pourraient agir comme tels, soit se trouver dans l’axe qui relie d’autres dĂ©terminants Ă  l’association « demande-autonomie-soutien » ou encore Ă  l’association « effort-reconnaissance ».

 

3. Aléas, incertitudes scientifiques, verrous technologiques

Pour rĂ©sumer, deux dimensions sont fondamentales dans ces modĂšles d’explication du stress professionnel : l’autonomie dĂ©cisionnelle et la rĂ©ciprocitĂ© sociale, ce qui les rend complĂ©mentaires, notamment quand il s’agit d’expliquer les risques psychosociaux au sein d’une entreprise ou d’un secteur d’activitĂ© mais aussi, et pour aller plus loin d’expliquer la façon dont le travail contribue aux inĂ©galitĂ©s sociales de santĂ© et ainsi de mieux rĂ©pondre Ă  des problĂ©matiques de prĂ©vention primaire et secondaire (prise en charge). Mais, ils ne sont cependant pas suffisants essentiellement Ă  cause de leur structure causale, il devient donc incontournable d’y ajouter l’aspect transactionnel commun Ă  tout individu, surtout dans un cadre professionnel.

En outre, le modĂšle de Lazarus et Folkman semble actuellement le plus adaptĂ© pour comprendre le stress professionnel du fait de sa particularitĂ© : son interactionnisme. En effet, ce modĂšle tient compte des dĂ©terminants situationnels et dispositionnels dont les effets sur l’état de santĂ© psychique et physique de l’individu sont mĂ©diatisĂ©s par l’évaluation que le sujet fait de la situation, perception qu’il en a (stress perçu) et sa stratĂ©gie pour y faire face (coping). Cette modĂ©lisation fait du stress un processus et permet d’expliquer les diffĂ©rentes rĂ©ponses individuelles pour un rĂ©sultat identique.

ParallĂšlement, de nombreux chercheurs s’intĂ©ressent Ă  la QualitĂ© de Vie au Travail (QdVT) considĂ©rĂ©e comme un des explicateurs principaux du stress professionnel, de mĂȘme qu’ils s’intĂ©ressent Ă  la QualitĂ© de vie individuelle (QdV) que le stress professionnel ou le burnout altĂšrent. Les recherches actuelles ont mis l’accent sur diffĂ©rents points essentiels tels que la rĂ©munĂ©ration, les qualifications requises, les caractĂ©ristiques prĂ©cises du poste, les conditions de travail, la formation, les perspectives d’évolution, la couverture sociale
 pour rendre compte de la satisfaction au travail qui semble dĂ©terminante de la qualitĂ© de vie. NĂ©anmoins, ces diffĂ©rents points ont des impacts diffĂ©rents selon le travail exercĂ©, ce qui implique non pas « une qualitĂ© de vie » au travail mais « des qualitĂ©s de vie » spĂ©cifiques Ă  chaque type de travail. Il devient donc opportun d’étudier chaque population de travailleur sĂ©parĂ©ment les unes des autres.

Une autre lacune de la littĂ©rature rĂ©side dans l’absence quasi-totale de recherches longitudinales, peu ou pas d’études de cohorte, peu ou pas de recherches disposant d’au moins deux temps de mesure. Ainsi, on ne sait pas comment prennent forme les dimensions des deux modĂšles, ni comment elles Ă©voluent. Si certains dĂ©terminants se forgent Ă  l’adolescence, et si ces dĂ©terminants (notamment les traits de personnalitĂ©) ont un effet direct et indirect sur la perception des stresseurs ainsi que sur les effets pathogĂšnes de cette perception, de mĂȘme pour ce qui concerne la rĂ©action de l’individu face Ă  la situation stressante, alors l’organisation de ce mĂȘme modĂšle du stress chez le lycĂ©en devrait pouvoir prĂ©dire son organisation Ă  l’ñge adulte. Dans le cadre du travail, le stress scolaire devrait pouvoir expliquer le stress professionnel.

Compte-tenu de l’ampleur de la ou plutĂŽt des recherches amenant Ă  la validation complĂšte du modĂšle, nous avons choisi d’adopter une dĂ©marche heuristique, soit une mĂ©thode qui procĂšde par Ă©valuations successives et hypothĂšses autant exploratoires que provisoires. Par ailleurs, les critĂšres de validitĂ© auront un caractĂšre Ă  la fois Ă©cologique et interne.  Dans le cadre de cette recherche, le caractĂšre Ă©cologique se traduira par le contrĂŽle des conditions de recherche, au moins 50% des individus seront donc interrogĂ©s sur le lieu de travail et le caractĂšre interne se traduira par le contrĂŽle des variables parasites. Ces validitĂ©s reprĂ©sentant un indice de la valeur des rĂ©sultats pour une population donnĂ©e. Afin de garantir le pouvoir explicatif de la recherche, le modĂšle sera testĂ© auprĂšs de diffĂ©rentes populations et des Ă©tudes de fidĂ©litĂ© spatiale viendront conforter sa validitĂ©.

Les populations envisagĂ©es concernent : le secteur mĂ©dical (mĂ©decins, IDE, SF), le secteur de l’enseignement (enseignants du secondaire et du supĂ©rieur), le secteur industriel (agents de maĂźtrise, cadre et cadres supĂ©rieurs), les lycĂ©ens (extension transversale). La taille des Ă©chantillons restant Ă  calculer selon l’étendue de chaque protocole. Les outils Ă©volueront en fonction des phases de la recherche. En outre, certains questionnaires ont besoin d’ĂȘtre validĂ©s (QPGs, VIPSO) de maniĂšre scientifique.

Chacune des Ă©tapes suivra la dĂ©coupe de vĂ©rification des effets modĂ©rateurs et mĂ©diateurs (Baron  et al. 1986 ; Preacher et al. 2008), soit la recherche et validation des effets simples et principaux (directs) puis celles des effets d’interaction (indirects) de chaque partie du modĂšle. Chacune des Ă©tapes se dĂ©roulant sur en moyenne 1 an. Pour des raisons budgĂ©taires, il n’est actuellement pas envisageable de prĂ©voir une approche longitudinale, aussi utiliserons-nous une mĂ©thode transversale qui permettra d’évaluer le pouvoir explicatif du stress scolaire dans l’apparition du stress professionnel. Les sujets seront appariĂ©s selon 5 groupes d’ñges : Ă©lĂšves de terminales, 20-29 ans, 30-39 ans, 40-49 ans et 50-59 ans ainsi que selon l’orientation globale de leur profession (littĂ©raire, Ă©conomique/gestion/commerciale, scientifique) et la section de terminale (L, ES, S).

Ce projet est donc constitué de plusieurs étapes :

Etape 1 : validation des questionnaires

Etape 2 : Stress professionnel

Etape 3 : Stress scolaire

Etape 4 : vérification des effets des trajectoires de stress en adoptant une méthode transversale

 

4. Travaux R&D réalisés, démarche expérimentale

Dans une premiĂšre Ă©tape, l’IME a rĂ©alisĂ© la validation de l’un des outils nĂ©cessaires Ă  l’étude, le « vIPSO – individuel » (questionnaire interrogeant les dimensions individuelles au sein de l’Inventaire de Performance Sociale et Organisationnelle : cf. projet ST1 pour en savoir plus sur la version complĂšte du vIPSO qui porte sur les dimensions individuelles, managĂ©riales et organisationnelles).

L’échelle a Ă©tĂ© construite sur la base de la ThĂ©orie de Fradin et al. (2006, 2008). Cette validation a Ă©tĂ© effectuĂ©e auprĂšs de 222 individus adultes et insĂ©rĂ©s dans le monde professionnel. A l’origine, cette Ă©chelle Ă©tait composĂ©e d’une premiĂšre partie constituĂ© de 19 items rĂ©partis en 5 dimensions (Dominance/soumission : 4 items ;  AxialitĂ©/marginalitĂ© : 4 items ; AssertivitĂ© : 2 items ;       Hypo et hyper fonctionnement : 4 items ; Stress psychologique et physiologique : 5 items) et d’une seconde composĂ©e de 6 items mesurant la flexibilitĂ© et la rigiditĂ© cognitive.

Pour la premiĂšre partie, l’analyse statistique exploratoire indique une solution Ă  4 facteurs composĂ©e de 14 items qui explique 46% de la variance commune : Facteur 1 : Stress physiologique et psychologique (5 items), Facteur 2 : Hypo/Hyper fonctionnement (3 items) ; Facteur 3 : Dominance/Soumission (3 items) ; Facteur 4 : AssertivitĂ©/MarginalitĂ© (3 items). Pour la seconde partie, l’analyse statistique exploratoire rĂ©vĂšle une structure instable ce qui rend obligatoire l’augmentation de la taille de l’échantillon.

Les analyses complĂ©mentaires indiquent des corrĂ©lations fortes entre le facteur Stress physiologique/psychologique et toutes les dimensions du Job Stress Survey (JSS) de Spielberger (pression professionnelle, r = 0.554 p < 0.01 ; manque d’organisation
(r = 0.562, p < 0.01 ; indice de stress professionnel, r = 0.628 p < 0.01). Il existe Ă©galement des corrĂ©lations moyennes entre le facteur Hypo/Hyper fonctionnement et toutes les dimensions du JSS (pression professionnelle, r = 0.322, p < 0.01 ; manque d’organisation, r = 0.193, p < 0.01 ; indice de stress professionnel, r = 0.273, p < 0.01). De la mĂȘme maniĂšre il existe des corrĂ©lations entre le facteur AssertivitĂ©/MarginalitĂ© et toutes les dimensions JSS (pression professionnelle, r = 0.242, p < 0.01 ; manque d’organisation, r = 0.324 p < 0.01) ; indice de stress professionnel, r = 0.331, p < 0.01). Il n’existe aucune corrĂ©lation significative entre le facteur Dominance/Soumission et les diffĂ©rentes dimensions du JSS.

Il existe Ă©galement des corrĂ©lations fortes entre la dimension AnxiĂ©tĂ© du Hospital Anxiety and Depression Scale (HASD) et le facteur Stress Physiologique/Psychologique (r = 0.550, p < 0.01), avec le facteur Hypo/Hyper fonctionnement (r = 0.413 p < 0.01), avec le facteur Dominance/Soumission (r = 0.174 p < 0.01) et avec le facteur AssertivitĂ©/MarginalitĂ© (r = 0.30, p <0.01). Il n’existe aucune corrĂ©lation avec la dimension dĂ©pression.

De la mĂȘme maniĂšre, il existe des corrĂ©lations entre le facteur stress Physiologique/Psychologique et le coping centrĂ© sur le problĂšme (r = -0.220, p < 0.01) et l’évitement (r = 0.338, p < 0.01), entre le facteur Hypo/Hyper fonctionnement et le coping centrĂ© sur le problĂšme (r = 0.445 p < 0.01), entre le facteur Dominance/Soumission et le coping centrĂ© sur l’émotion (r  = – 0.286, p < 0.01) et entre le facteur AssertivitĂ©/MarginalitĂ© et le coping centrĂ© sur le problĂšme (r =- 0.228, p < 0.01), et le coping centrĂ© sur l’émotion (r = 0.262 p < 0.01).

Enfin, on observe par le biais du General Health Questionnaire, des troubles psychologiques forts en cas de stress (r = 0.661, p < .001), troubles psychologiques modĂ©rĂ©s en cas de prĂ©sence d’hypo/hyper (r = 0.319, p < .001). Bon Ă©quilibre psychologique si dominant (r = 0.339, p < .001) ou faible si soumis, troubles psychologiques modĂ©rĂ© si marginal (r  =  0.385,  p < .001) ou bon Ă©quilibre si assertif.

Les rĂ©sultats des analyses descriptives qui mettent en avant les diffĂ©rences entre les secteurs d’activitĂ© indiquent :

1/ Facteur Stress Physiologique/Psychologique

Différence tendancielle, F(3, 218) = 2,41, p = .06, h2 = .03

2/ Facteur HYPO/HYPER fonctionnement

DiffĂ©rence significative, F(3,218) = 3,26, p < .05, h2 = .04 (donc attention : faible taille d’effet)

3/ Facteur Dominance-Soumission

Non significatif, F(3,218)   = 0, 12, p =.94

4/Facteur  Assertivité-Marginalité

Différence significative, F(3,218) = 2,85, p < .05, h2 = .04

Les résultats des analyses de Différences de moyennes pour le genre indiquent des différences:

Significatives pour :

Stress t(208) = -.2.87

Hypo-Hyper, t(208) = -2.93

Tendanciel pour

Dominance-Soumission, t(208) = 1.77, p = .07

Non significatives pour :

Assertivité-marginalité, t(208) = .20, p = .8

D’autres analyses complĂ©mentaires sont en cours afin de vĂ©rifier les diffĂ©rentes validitĂ©s et fidĂ©litĂ©s de l’outil.

Dans une seconde Ă©tape, le stress professionnel a Ă©tĂ© mesurĂ© Ă  l’aide du « Job Stress Survey » de Spielberger (1994). Ce questionnaire contient 60 items dont la moitiĂ© mesure l’intensitĂ© perçue du stress en rapport Ă  30 situations potentiellement stressantes, l’autre moitiĂ© mesurant la frĂ©quence d’apparition de ces diverses situations. Les personnes se positionnent sur deux Ă©chelles de Likert allant de « 1 » (faible intensitĂ©) Ă  « 9 » (intensitĂ© forte) pour la perception de l’intensitĂ© et de « 0 » (aucun) Ă  « 9 » (jours d’apparition au cours des 6 derniers mois) pour la frĂ©quence. Le total des scores de ce questionnaire peut varier de 30 Ă  270 pour l’intensitĂ© et de 0 Ă  270 pour la frĂ©quence. Cette Ă©chelle permet Ă©galement de calculer un indice de pression perçue (10 items) ainsi qu’un indice de manque de soutien organisationnel (10 items), les scores de ces deux indices varient de 0 Ă  81. L’indice de stress total est obtenu en additionnant les produits (item par item) de ces deux indices, la mĂ©diane de cet indice varie 59 Ă  64. Les trois indices permettent d’obtenir des scores prĂ©cis de la perception du stress (cf. Lazarus & Folkman, 1984) professionnel des rĂ©pondants. Le burnout a Ă©tĂ© mesurĂ© Ă  l’aide du Melamed-Shirom Burnout Questionnaire (M-S BMQ), short-form [22,42]. Cette Ă©chelle comporte 14 items permettant de mesurer 3 dimensions du burnout : fatigue physique (6 items), lassitude cognitive (5 items), Ă©puisement Ă©motionnel (3 items). Les rĂ©pondants sont invitĂ©s Ă  se positionner sur une Ă©chelle de Likert variant de « 1 » jamais Ă  « 7 » toujours. Pour la dimension fatigue physique le score peut varier de 6 Ă  42, pour la dimension lassitude cognitive, il peut varier de 5 Ă  35 et pour l’épuisement Ă©motionnel de 3 Ă  21.

La mesure du soutien social perçu a Ă©tĂ© effectuĂ©e Ă  l’aide du Questionnaire de Soutien Social (QSS) de Pineau [43]. Ce questionnaire demande au rĂ©pondant d’évaluer le soutien social qu’il perçoit de la part de sa hiĂ©rarchie, de ses collĂšgues et de ses proches en rapport Ă  4 dimensions du soutien professionnel : Ă©coute, aide, discussion et disponibilitĂ©. Cet instrument permet de calculer un score global de soutien social perçu et 4 scores partiels selon les dimensions. Pour chaque dimension le score peut varier de 0 Ă  9, le score global pouvant varier de 0 Ă  36.

La QualitĂ© de Vie (QdV) a Ă©tĂ© mesurĂ©e Ă  l’aide de la MOS-SF-36. Il contient 36 items permettant d’évaluer 8 dimensions (via 8 scores composites) de la QdV : fonctionnement/activitĂ© physique, limitations dues Ă  l’état physique, douleurs physiques, santĂ© perçue, vitalitĂ©, relations sociales, santĂ© psychique, limitations dues Ă  l’état psychique, plus une derniĂšre dimension (correspondant Ă  l’item 2) Ă©valuant l’évolution de la santĂ© perçue. Les 8 premiĂšres dimensions permettent d’obtenir 2 scores synthĂ©tiques, un score de santĂ© physique et un score de santĂ© psychique. Selon les dimensions, le rĂ©pondant peut ĂȘtre amenĂ© Ă  se positionner sur une Ă©chelle allant de 1 « excellent » Ă  5  « mauvaise » ou « beaucoup moins bonne », d’autres Ă©chelles sont en 3 points de « oui, trĂšs limité » Ă  « non, pas du tout limité ». Les scores sont cĂŽtĂ©s sur 100 pour chacune des dimensions, des scores faibles indiquant une QdVT mĂ©diocre.

Les consistances internes de chaque dimension de chaque échelle sont bonnes ou correctes, excepté pour les dimensions « santé mentale »  et « vitalité » du SF-26.

Dans une premiĂšre sĂ©rie, ce protocole a Ă©tĂ© proposĂ© Ă  des enseignants-chercheurs, nous avons obtenu 178 rĂ©pondants, dont 94 ont rĂ©pondu Ă  l’ensemble des questionnaires (5 de plus ont rĂ©pondu partiellement), les 79 autres ayant rĂ©pondu uniquement Ă  la SF-36, ce qui permet d’évaluer la QDV des universitaires sur un Ă©chantillon de 178 rĂ©pondants.

Les analyses statistiques (effectuĂ©es Ă  l’aide du logiciel SPSS.19) ont Ă©tĂ© conduites afin d’évaluer les effets prĂ©alablement dĂ©crits (fonction des possibilitĂ©s sur chaque Ă©chantillon). Nous avons tout d’abord vĂ©rifiĂ© la pertinence des rĂ©ponses Ă  l’échelle de QdV (SF-36) au moyen de corrĂ©lations. Concernant les effets directs, nous avons effectuĂ© des rĂ©gressions linĂ©aires hiĂ©rarchiques. Les hypothĂšses stochastiques portant sur ce test ont Ă©tĂ© prĂ©alablement vĂ©rifiĂ©es, ainsi pour certaines variables ce test s’est avĂ©rĂ© impossible Ă  rĂ©aliser, nous avons alors effectuĂ© soit des U de Mann et Whitney (variable dichotomique), des tests de Kruskal-Wallis (variables multinomiales) ou des corrĂ©lations de Spearman (variables ordinales).  Concernant les rĂ©gressions linĂ©aires, nous avons placĂ© dans le pas 1 les variables socio-dĂ©mographiques (genre, Ăąge, enfants, profession, temps de travail, expĂ©rience professionnelle), dans le pas 2, les variables d’ordre mĂ©dical (troubles somatiques et psychiques, traitements en cours) et dans le pas 3, les diverses variables psychologiques explicatives (stress professionnel, soutien social) selon le modĂšle Ă©tudiĂ©. Concernant les effets indirects, nous avons rĂ©alisĂ© des tests de modĂ©ration et de mĂ©diation pour les variables ayant des distributions gaussiennes ou des Kruskal-Wallis avec extension de Scheirer-Ray-Hare dans le cas inverse. NĂ©anmoins, nous n’avons tenu compte que des deux scores composites de la QdV. Des facteurs de risque ont Ă©galement Ă©tĂ© calculĂ©s (AOR) Ă  partir de la mĂ©diane des scores obtenus Ă  chaque Ă©chelle et en contrĂŽlant certaines variables situationnelles dont l’effet significatif a Ă©tĂ© dĂ©montrĂ© par le test des effets simples.

Burnout : Fatigue (Epuisement physique)

Les analyses ont portĂ©es sur 98 observations (1 sujet dĂ©viant ayant Ă©tĂ© extrait de l’échantillon). Il n’est pas possible d’étudier l’effet d’un Ă©ventuel traitement somatique ou psychique en raison d’une colinĂ©aritĂ© trop forte (VIF > 4) de mĂȘme pour ce qui est du stress professionnel, concernant les autres facteurs, il n’existe aucune autre colinĂ©aritĂ© (VIF<2). Nous avons donc Ă©tudiĂ© le stress professionnel sĂ©parĂ©ment.

Concernant la pression et l’absence de soutien professionnel, tous les modĂšles sont significatifs, le meilleur modĂšle Ă©tant celui contenant la pression et l’absence de soutien professionnel, puisqu’il explique 49,6% de la variance de l’épuisement physique,
R2 = 0,496, p < 0,001, DR2 = 0,193, p < 0,001. Dans ce modĂšle, la prĂ©sence de troubles psychiques, b = – 0,357, p < 0,001 (le bĂȘta est nĂ©gatif car la prĂ©sence de trouble a Ă©tĂ© codĂ©e « 0 » et l’absence a Ă©tĂ© codĂ©e « 1 ») et une pression professionnelle Ă©levĂ©e, b = 0,350, p < 0,001 expliquent un niveau d’épuisement physique Ă©levĂ©. Mais l’ñge a Ă©galement un effet, puisque les plus jeunes sont ceux dont le niveau d’épuisement physique est le plus Ă©levĂ©, b = -0,255, p < 0,05 et inversement. Le poids de chaque variable en maintenant les autres Ă  un terme constant (corrĂ©lation partielle) est de r = -0,236 pour l’ñge, de r = -0,422 pour les troubles psychiques et de r = 0,378 pour la pression professionnelle.

Concernant le stress professionnel, ce modĂšle explique 49,4% de la variance de l’épuisement physique, R2 = 0,494, p < 0,001, DR2 = 0,184, p < 0,001, les plus jeunes ayant le niveau d’épuisement le plus Ă©levĂ© b = -0,246, p < 0,001 (rpartiel =, – 0,227), la prĂ©sence d’antĂ©cĂ©dents psychiques est en lien avec un niveau d’épuisement Ă©levĂ©
b = -0,332, p < 0,001 (rpartiel = – 0,407), de mĂȘme pour le stress professionnel b = 0,477, p < 0,001 (rpartiel = – 0,538).

Burnout : Épuisement cognitif

Les analyses ont portĂ© sur 97 observations (deux sujets dĂ©viants), l’effet du traitement ne peut pas ĂȘtre Ă©tudiĂ© (VIF>4), de mĂȘme concernant le stress professionnel qui a Ă©tĂ© Ă©tudiĂ© sĂ©parĂ©ment. Pour la pression et l’absence de soutien professionnel, tous les modĂšles sont significatifs, le meilleur contient la pression et l’absence de soutien professionnel, il explique 22,7% de la variance de l’épuisement Ă©motionnel, R2 = 0,227,
p < 0,001, DR2 = 0,128, p < 0,001. Dans ce modĂšle, les plus jeunes, b = 0,343, p < 0,05, et ceux dont le niveau de pression est le plus Ă©levĂ©, b = 0,315, p < 0,01 sont ceux dont le niveau d’épuisement cognitif est Ă©galement le plus Ă©levĂ©. Le poids de chaque variable en maintenant les autres Ă  un terme constant (corrĂ©lation partielle) est de r = -0,256 pour l’ñge, et de r = 0,366 pour la pression professionnelle.

Le modĂšle contenant le stress professionnel explique quant Ă  lui 22,5% de l’épuisement cognitif, R2 = 0,225, p < 0,001, DR2 = 0,117, p < 0,001. Dans ce modĂšle, les plus jeunes prĂ©sentent le niveau d’épuisement cognitif le plus Ă©levĂ© b = 0,334, p < 0,05 (rpartiel = – 0,248), et ceux dont le stress professionnel est Ă©levĂ© sont Ă©galement ceux dont l’épuisement cognitif est le plus Ă©levĂ©, b = 0,380, p < 0,01 (rpartiel = 0,380).

Burnout : épuisement émotionnel

L’échantillon d’analyse comporte 98 observations (un sujet dĂ©viant), l’effet du traitement et du stress professionnel ne peuvent non plus ĂȘtre analysĂ©s (VIF>4). Seul le modĂšle comportant la pression et l’absence de soutien professionnel est significatif, il explique 17,3% de la variance de l’épuisement Ă©motionnel, R2 = 0,173, p < 0,005, DR2 = 0,180, p < 0,001. Ceux dont le niveau de pression, b = 0,352, p < 0,01, est le plus Ă©levĂ© sont ceux dont le niveau d’épuisement Ă©motionnel est Ă©galement le plus Ă©levĂ©. La corrĂ©lation partielle est de  r = 0,305.

Concernant le stress professionnel, seul le modĂšle contenant le stress est significatif,
R2 = 0,188, p < 0,005, DR2 = 0,144, p < 0,001. Les personnes les plus stressĂ©s ont le niveau d’épuisement Ă©motionnel le plus Ă©levĂ©, b = 0,419, p < 0,01 (rpartiel = 0,407).

Qualité de vie

Pour l’ensemble des modĂšles, nous avons rencontrĂ© le mĂȘme problĂšme de multicolinĂ©aritĂ©, dans un premier temps, seules les dimensions pression et soutien professionnel ont donc Ă©tĂ© intĂ©grĂ©es dans le pas 3, dans un second temps, nous y avons placĂ© le stress professionnel. L’effet du traitement n’a pas non plus pu ĂȘtre analysĂ©. Par ailleurs, seules les dimensions santĂ© psychique et vitalitĂ© ont pu ĂȘtre analysĂ©s en raison de distributions non gaussiennes concernant les autres dimensions.

Les analyses portent sur 97, et 98 observations, le nombre de sujets déviants étant de 2 pour le modÚle concernant la santé psychique et de 1 pour la dimension vitalité.

QDV : Santé psychique

Tous les modÚles sont significatifs, le modÚle expliquant le plus de variance de la santé psychique contient la pression professionnelle, R2 = 0,370, p < 0,001, DR2 = 0,166,
p < 0,001. Le fait d’ĂȘtre un homme a un effet positif sur la perception de la santĂ© psychique, b = – 0,223, p < 0,005*, par ailleurs les personnes ne rapportant pas d’antĂ©cĂ©dents psychiques ont une meilleure perception de leur santĂ© psychique, b = 0,280, p < 0,005, enfin celle qui rapportent un niveau Ă©levĂ© de pression ont Ă©galement une perception de leur santĂ© psychique faible, b = – 0,381, p < 0,001. Les corrĂ©lations partielles sont respectivement de rgenre = – 0,269, rantĂ©cĂ©dentspsy = 0,318 , rpression = – 0,369. Le modĂšle contenant le stress professionnel permet d’expliquer 35,6% de la variance de la santĂ© psychique, R2 = 0,356, p < 0,001 DR2 = 0,146, p < 0,001. Les femmes ont une moins bonne perception de leur santĂ© psychique que les hommes,
b = – 0,221, p < 0,05, de mĂȘme pour les personnes dĂ©clarant des antĂ©cĂ©dents de troubles psychiques, b = – 0,256, p < 0,005, et pour celles prĂ©sentant un niveau Ă©levĂ© de stress professionnel, b = – 0,424, p < 0,005.  Les corrĂ©lations partielles sont respectivement de rgenre = – 0,262, rantĂ©cĂ©dentspsy = 0,291 , rstress = – 0,449

QDV : Vitalité

Tous les modÚles sont significatifs, celui expliquant le plus de variance de la vitalité contient la pression et le soutien professionnel, R2 = 0,347, p < 0,001, DR2 = 0,120,
p < 0,001. Les personnes signalant des antĂ©cĂ©dents de troubles psychiques ont des niveaux de vitalitĂ© moins Ă©levĂ©s que celles n’en signalant pas, b = 0,341, p < 0,001* et les personnes percevant une pression professionnelle faible sont aussi celles qui dĂ©clarent la vitalitĂ© la plus forte, b = – 0,260, p < 0,05. Les corrĂ©lations partielles sont respectivement de, rantĂ©cĂ©dentspsy = 0,372, rpression = – 0,258. Le modĂšle contenant le stress professionnel permet d’expliquer 35,6% de la variance de la santĂ© psychique, R2 = 0,356, DR2 = 0,117, p < 0,001). Dans ce modĂšle, les personnes dĂ©clarant des antĂ©cĂ©dents psychiques ont Ă©galement une moins bonne perception de leur santĂ© psychique que celles n’ayant pas d’antĂ©cĂ©dents, b = – 0,332, p < 0,05, de mĂȘme pour celles prĂ©sentant un niveau Ă©levĂ© de stress professionnel, b = – 0,379, p < 0,001. Les corrĂ©lations partielles sont respectivement de rantĂ©cĂ©dentspsy = 0,366, rstress = – 0,444.

 

5. Indicateurs de R&D

Ces travaux ont été en partie présentés à la communauté scientifique :

de Chalvron, S. Cousson-GĂ©lie, F., Zozaya, C. (2011). Stress professionnel et Burnout en      secteur hospitalier : Ă©tude comparative entre des infirmiĂšres en service d’oncologie et des   infirmiĂšres d’autres services. Communication orale aux VIIĂšmes journĂ©es du CanĂ©ropĂŽle GSO, Bordeaux, France.

de Chalvron, S., Fradin, J. & Cousson-Gélie, F. (2012). Burnout des infirmiÚres en oncologie. Communication affichée, XXÚmes Journées Internationales de Psychologie Différentielle. 27, 28 et 29 Juin 2012, Rennes, France.

de Chalvron, S. Zozaya, C. & Cousson-Gélie, F. (2012). Le stress professionnel des soignants en oncologie. Communication présentée à la Conférence PÎle Recherche Montpellier Cancer, Montpellier, France.

Deux articles concernant le stress scolaire sont dĂ©jĂ  acceptĂ©s, trois autres sont en cours d’écriture. Ces derniers concernent la validation des questionnaires regroupant les 4 dimensions de l’assertivitĂ© selon le modĂšle de Fradin et al. (2008) et le stress professionnel chez les enseignants et les soignants. La participation Ă  divers congrĂšs (psychologie diffĂ©rentielle, psychologie de la santĂ©, psychologie du travail, psychologie dĂ©veloppementale et psychologie cognitive) est non seulement impĂ©rative mais Ă©galement dĂ©jĂ  prĂ©vue sur une durĂ©e de 5 ans. L’ensemble de ces actions devrait par ailleurs permettre de rĂ©pondre de façon efficace aux divers appels Ă  projets (adolesence, travail, santĂ© publique). Cependant la rĂ©ponse ne peut se faire sans la participation d’autres Ă©quipes de recherche, Ă  ce jour, nous avons constituĂ© une Ă©quipe regroupant le laboratoire IME, le laboratoire Epsylon (Montpellier 3), le laboratoire LPPS (Paris Descartes), l’observatoire de la vie des lycĂ©ens (HĂ©rault), et le centre de recherche Epidaure (Montpellier).

 

6. Acquisition des connaissances

La premiĂšre Ă©tape nous a permis d’aboutir Ă  la crĂ©ation d’un outil valide pour l’évaluation spĂ©cifique, et pour les entreprises, du stress professionnel et de l’adaptation individuelle en fonction de l’expression de la personnalitĂ© au travail.

La seconde Ă©tape montre que l’ensemble des universitaires interrogĂ©s prĂ©sente un niveau de burnout important puisqu’il est significativement plus Ă©levĂ© que celui d’autres populations telles que des Ă©tudiants ou des enseignants du secondaire et similaire Ă  celui d’infirmiĂšres. Nous retrouvons le mĂȘme type de rĂ©sultats concernant la qualitĂ© de vie sensiblement plus mauvaise chez les universitaires que chez des mĂ©decins, des accidentĂ©s du travail et similaire Ă  celle de patients aprĂšs une crise cardiaque. Winefield et al. (2003) qui ont comparĂ© des universitaires (academic staff) avec d’autres professions au sein d’une mĂȘme universitĂ© retrouvent Ă©galement une dĂ©tresse psychologique particuliĂšrement Ă©levĂ©e chez les universitaires de mĂȘme que Wilkinson et al. (1995), Kinman (2001) ou encore Jacobs et al. (2010). NĂ©anmoins, on observe quelques diffĂ©rences entre ces universitaires notamment pour ce qui concerne les ATER et doctorants qui semblent avoir la moins bonne qualitĂ© de vie autant physique que psychique et ĂȘtre Ă©galement ceux dont le niveau de burnout est le plus Ă©levĂ©. Winefield et al. (2003) retrouvent une diffĂ©rence similaire mais ils ont introduit une variable mesurant la date d’arrivĂ©e dans l’universitĂ©, et la diffĂ©rence se retrouve davantage entre les nouveaux arrivants, dont le niveau de dĂ©tresse psychologique est Ă©levĂ©, et les anciens. D’aprĂšs ces auteurs, ce niveau de dĂ©tresse psychologique serait dĂ» Ă  une forte demande perçue par ces ATER et doctorants comparativement Ă  un faible contrĂŽle perçu ou une faible latitude dĂ©cisionnelle, et ce en accord avec le modĂšle de Karasek (1979). En effet, ils se trouvent dans une situation oĂč ils sont Ă  la fois Ă©valuateurs, oĂč ils dĂ©butent l’enseignement et oĂč ils sont encore Ă©valuĂ©s et sans encore avoir eu le temps de faire la preuve d’une valeur scientifique (« poor research performance is clearly identified as stressor
 and their publications are never cited  » Winefield, 2000, p.442,). De plus, ils sont souvent dans une situation Ă©conomique et acadĂ©mique prĂ©caire ce qui augmente leur niveau de stress perçu et affecterait leur santĂ© physique et psychique.

Par ailleurs, les niveaux de stress professionnel, de burnout et de qualitĂ© de vie des enseignants-chercheurs se retrouvent dans l’ensemble des Ă©tudes comparant ces niveaux entre enseignants-chercheurs et d’autres professions. Il apparaĂźt donc que les enseignants–chercheurs ont un niveau de stress Ă©levĂ© et un niveau de qualitĂ© de vie psychique et physique faible, comme en Australie, en Angleterre ou encore au Canada. Catano (2010) signale pour le Canada, un manque de contrĂŽle perçu, des conflits d’ordre administratifs, des contraintes de publication alors qu’en Australie c’est le sentiment d’injustice qui prĂ©domine et de façon gĂ©nĂ©rale on note un sentiment d’insatisfaction professionnelle quelque soit le pays concernĂ©.

Enfin, la diffĂ©rence concernant le genre se retrouve Ă©galement dans la grande majoritĂ© des Ă©tudes puisque les femmes rapportent, d’une Ă©tude Ă  l’autre, plus de stresseurs et notamment celui d’occuper souvent des positions plus basses dans la hiĂ©rarchie universitaire pour des compĂ©tences Ă©gales Ă  celles des hommes. Elles signalent Ă©galement devoir apporter plus de preuves de leur capacitĂ© Ă  prendre des responsabilitĂ©s pour pouvoir monter dans cette hiĂ©rarchie que les hommes. En outre, elles disent avoir en parallĂšle plus de responsabilitĂ©s familiales, principalement au niveau des enfants que les hommes. Une seule Ă©tude ne montre pas de diffĂ©rence hommes/femmes mais il s’agissait d’une Ă©tude portant sur 9000 personnes travaillant dans des universitĂ©s australiennes, y compris des administratifs, ses rĂ©sultats concernant le genre ne sont pas rĂ©pliquĂ©s dans une Ă©tude des mĂȘmes auteurs en 2008 qui a exclut les administratifs.

Notre Ă©tude semble reproduire des rĂ©sultats dĂ©jĂ  obtenus auparavant, nĂ©anmoins, elle a pour principale limite une taille d’échantillon relativement faible laquelle, d’une part ne permet pas de calculer certains effets et, d’autre part, rĂ©duit la puissance statistique tout en bloquant la possibilitĂ© d’effectuer certains tests paramĂ©triques. Les tests non-paramĂ©triques effectuĂ©s donnent toutefois des indications sĂ©rieuses quant aux facteurs susceptibles d’expliquer le burnout et la qualitĂ© de vie des universitaires.

Les Ă©tudes ultĂ©rieures devront donc s’attacher Ă  augmenter la taille d’échantillon mais Ă©galement Ă  explorer l’efficacitĂ© de prises en charge psychologiques face Ă  un haut niveau de stress professionnel et de burnout de cette catĂ©gorie socio-professionnelle.

A ce titre, Il existe trĂšs peu d’études interventionnelles Ă©valuant diverses solutions visant Ă  diminuer le stress professionnel des universitaires. Il semblerait cependant que des thĂ©rapies basĂ©es sur la relaxation puissent avoir un effet positif sur le stress des enseignants chercheurs.

 

7. Ressources humaines
Nom Fonction dans le projet Nbre heures/jours consacrĂ©es Ă  la Phase N Nb total d’heures/jours affectĂ©es au projet
De Chalvron Stéphanie Ingénieur de recherche 91 heures 91 heures
Fradin Jacques Direction de recherche 58 heures 58 heures
Lafaye Anais Chargée de projet 273 heures 273 heures
Porro Bertrand Assistant de recherche 235 heures 235 heures

 

8. Références bibliographiques

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NOM DU PROJET : ST1_ vIPSO : Inventaire de Performance Sociale et Organisationnelle – RĂ©alisation d’un questionnaire ;  modalitĂ©s de traitement et de mĂ©thodologie d’analyse d’un inventaire multifactoriel  de performance sociale et organisationnelle
Date de début : 2012 Date de fin : 2016
R – Psychologie – PsychomĂ©trie 

 

1. objectif

L’étude que nous avons menĂ©e sur les dĂ©terminants du stress au travail en 2010 a montrĂ© que les facteurs mesurĂ©s Ă©taient en corrĂ©lation significative avec le stress au travail. Nous avons dĂ©cidĂ© d’adapter le questionnaire pour transformer le questionnaire d’étude gĂ©nĂ©rale en questionnaire pour une organisation.

Le sujet des risques psychosociaux est une préoccupation majeure dans les organisations, qui sont en recherche de solutions de diagnostic pour identifier les causes et endiguer le phénomÚne de stress au travail.

Les questionnaires existants abordent le stress au travail sous des angles partiels qui ne donnent pas la vision globale aux dĂ©cideurs. Les questionnaires les plus utilisĂ©s (Karasek et Sigriest) Ă©tudient la part des causes managĂ©riale et organisationnelle, sans la mettre en regard de causes psychologiques individuelles, dont l’utilisation du mode mental (annexe 1)

L’objectif final de cette Ă©tude est donc de concevoir un questionnaire et des modalitĂ©s de traitement (analyse, reprĂ©sentations) permettant de :

  • Mesurer le stress perçu (stressabilitĂ©, manifestations Ă©motionnelles, manifestations somatiques)
  • Mesurer les facteurs du stress au travail
  • Relier le symptĂŽme (le stress) aux causes (le facteur perçu)

Le questionnaire doit permettre une hiĂ©rarchisation fine des causes qui intĂšgre, tout comme dans les analyses de risque, une notion de frĂ©quence et de gravitĂ©. Il doit Ă©galement permettre d’obtenir un outil de mesure valide du stress en tenant compte de diverses spĂ©cificitĂ©s professionnelles. Cet outil devra ĂȘtre capable d’évaluer (prĂ©dire) les facteurs de risque d’atteinte de la santĂ© physique et psychique des individus.

 

2. État de l’art

DĂ©rivĂ© du latin « stringere » (Ă©treindre, serrer) ce mot anglo-saxon utilisĂ© en physique pour dĂ©signer une contrainte, est surtout employĂ© en physiologie, en mĂ©decine, en psychologie de la santé pour dĂ©finir un Ă©tat d’émotion, d’anxiĂ©tĂ© et de dĂ©tresse, Ă©prouvĂ© dans des situations de tension, d’incertitude ou d’évĂ©nement inattendu.

Cannon (1927) dĂ©veloppe la premiĂšre thĂ©orie du stress et le dĂ©finit comme une rĂ©action physiologique liĂ©e aux Ă©motions et visant Ă  rĂ©tablir l’homĂ©ostasie. Quelques annĂ©es plus tard, Selye (1946, 1956) met en lumiĂšre une sĂ©rie de rĂ©actions biologiques et physiologiques qui surviennent sous l’effet de divers facteurs de stress et conclut que ces manifestations hormonales et neurologiques sont des indices objectifs de la rĂ©ponse du corps au stress. Il attribue une nouvelle dĂ©finition du stress comme Ă©tant « la rĂ©ponse non spĂ©cifique de l’organisme Ă  toute demande d’adaptation qui lui est fait », rĂ©ponse globale qu’il appelle « Syndrome GĂ©nĂ©ral d’Adaptation ». Fin des annĂ©es 70, la thĂ©orie physiologique, linaire et directionnelle, du stress est abandonnĂ©e, des travaux ayant montrĂ© que les rĂ©actions au stress sont modulĂ©es selon l’importance des facteurs Ă©motionnels. Le stress est donc envisagĂ© comme un processus multifactoriel (systĂšme d’interdĂ©pendance entre les composantes affectives, cognitives, sensorielles, endocriniennes,   comportementales et sociales de l’individu).

Par la suite, Lazarus et Folkman (1984) proposent un modĂšle du stress complexe et dynamique qui privilĂ©gie le rĂŽle des transactions entre de nombreux facteurs, dans le but d’expliquer les effets du stress sur l’organisme. Ils dĂ©finissent le stress comme « une transaction entre la personne et l’environnement dans laquelle la situation est Ă©valuĂ©e comme dĂ©bordant les ressources de l’individu et pouvant mettre en danger son bien-ĂȘtre ».

Dans cette optique, le stress ne peut ĂȘtre ni rĂ©duit Ă  sa composante environnementale (source de stress), ni Ă  sa composante individuelle (les ressources dont dispose la personne). Le stress est donc le rĂ©sultat d’une relation dynamique entre l’individu et les exigences de l’environnement, les ressources individuelles et sociales pour faire face Ă  ces demandes, et la perception par l’individu de cette relation.

L’individu est donc considĂ©rĂ© comme un acteur qui peut moduler l’impact des agents stresseurs par des stratĂ©gies cognitives, Ă©motionnelles et comportementales.

Dans le modĂšle de Lazarus et Folkman (1984), ce ne sont pas les caractĂ©ristiques objectives de la situation stressante (nature, gravitĂ©, frĂ©quence, durĂ©e
) mais son Ă©valuation et son retentissement, propres Ă  chaque personne, qui moduleraient la relation entre le contexte aversif et l’état de l’individu (Ă©motionnel, somatique). Il est donc tout Ă  fait nĂ©cessaire de distinguer les stresseurs environnementaux objectifs de l’impact subjectif de cette situation, ou stress perçu (Bruchon-Schweitzer, 2002, p. 290)

Le stress perçu correspond Ă  un ensemble d’évaluations concernant la situation (aversive, menaçante), les ressources disponibles (ressenties comme insuffisantes) (Bruchon-Schweitzer, 2002, p. 290). Le stress perçu serait « la rĂ©sultante de diverses transactions entre individu et contexte, conduisant celui-ci Ă  percevoir une discordance entre les contraintes de la situation et les ressources disponibles » (Sarafino, 1994).

Historiquement, le stress a souvent Ă©tĂ© confondu avec une adaptation naturelle (phylogenĂšse) qui permet Ă  l’individu de s’adapter Ă  son environnement, l’adaptation Ă©tant une des grandes fonctions de  l’organisme nĂ©cessaires Ă  notre survie.

Les mécanismes biologiques et psychologiques ayant pour objectif de nous mettre dans le meilleur état physique et mental pour faire face à une situation difficile et ainsi nous aider à nous y adapter au mieux, ont souvent été confondus (apparentés) avec le stress (Legeron et al., 2008). Or, le stress est un phénomÚne pathologique avec des conséquences sur la santé physique et mentale (dépression, anxiété, altération de la qualité de vie 
).

Il existe cependant un rapport non linĂ©aire entre intensitĂ© de la rĂ©action individuelle et performances (cognitives, physiques). Dans un premier temps, les niveaux de stress perçu et de performance croissent ensemble. Mais, dans un deuxiĂšme temps, si le stress continue d’augmenter, ou si la perception de son intensitĂ© est d’emblĂ©e trop forte la performance chute, on parle alors de stress pathologique. En outre, il est impossible de parler d’un « monde sans stress », d’une part parce que c’est un leurre et que nous ne pourrons pas supprimer la totalitĂ© des stresseurs qui font partie de notre environnement, et d’autre part, parce que, si nous parvenions Ă  inhiber en nous toute rĂ©action de stress, nous serions dĂ©munis et incapables de nous adapter. On ne peut donc pas supprimer le stress ni « vivre sans stress » (Legeron et al., 2008). En revanche, il est tout Ă  fait possible d’amĂ©liorer nos façons de faire face Ă  des situations stressantes (stratĂ©gies de coping) afin que (1) l’adaptation soit  efficace, et (2) que le stress n’altĂšre pas les performances et n’entraine aucune pathologique physique et/ou psychique).

Le stress et les stress spĂ©cifiques tel le stress professionnel ont des consĂ©quences particuliĂšrement dĂ©lĂ©tĂšres sur la santĂ© des individus, dĂ©pression, anxiĂ©tĂ© (trouble d’anxiĂ©tĂ© majeur), burnout. Le syndrome d’épuisement professionnel (burnout) est frĂ©quent en France, bien que sa prĂ©valence exacte ne soit pas Ă©tablie. Il est caractĂ©risĂ© par un ensemble de symptĂŽmes liĂ©s Ă  trois dimensions : Ă©puisement Ă©motionnel, dĂ©personnalisation et un faible accomplissement personnel (Maslach et al. 1986, 2001)  ainsi qu’à des modifications du comportement en milieu professionnel. Compte-tenu des dimensions de ce modĂšle, et notamment la dĂ©personnalisation, le burnout serait une pathologie spĂ©cifique des professionnels en rapport avec le soin ou l’encadrement (prendre les individus pour des numĂ©ros, chute de l’empathie) et ne pourrait donc atteindre les professions qui ne sont en rapport ni avec le soin, ni avec la pĂ©dagogie. En secteur hospitalier, il entraĂźne une dĂ©tĂ©rioration de la santĂ© physique et mentale et de la qualitĂ© de vie des personnels de soin et est impliquĂ© dans la dĂ©gradation de la relation patient–soignant (Dyrbye et al., 2008) avec notamment une augmentation des erreurs mĂ©dicales, de l’absentĂ©isme et une diminution de l’empathie et de l’intĂ©rĂȘt professionnel. Ses effets sur la qualitĂ© de vie seraient par ailleurs modĂ©rĂ©s par un soutien social spĂ©cifique, plus prĂ©cisĂ©ment une bonne relation avec les collĂšgues de travail (Halbesleben, 2006, Prins, 2007). Les Ă©tudes portant sur la frĂ©quence du Burnout selon les spĂ©cialitĂ©s mĂ©dicales sont contradictoires, certaines ne trouvant aucune diffĂ©rence (Martini et al. 2004), d’autres indiquant que le burnout est plus frĂ©quent chez les mĂ©decins exerçant en oncologie et en palliatif (Korkeila et al. 2003 ; Asai et al. 2006). ParallĂšlement, la plupart des Ă©tudes trouvent des diffĂ©rences entre les professions mĂ©dicales, les infirmiĂšres seraient ainsi plus Ă  risque que les mĂ©decins du moins pour ce qui concerne l’épuisement Ă©motionnel (Alacacioglu, 2008 ; Tunc, 2009).

De façon plus gĂ©nĂ©rale, la santĂ© au travail est, du moins en France, longtemps restĂ©e une problĂ©matique individuelle avant de devenir une problĂ©matique uniquement liĂ©e Ă  l’univers professionnel et donc gĂ©rĂ©e par ses acteurs (employeur, salariĂ©s, mĂ©decin du travail, et parfois partenaires sociaux). De fait en France, ce n’est aussi que depuis 10 ans que la recherche se penche sur l’ensemble des risques encourus par les individus dans le cadre de leur profession, risques pouvant porter atteinte Ă  leur intĂ©gritĂ© physique et/ou mentale. Ces risques sont suivis de l’adjectif « psychosociaux » (RPS) car ils se trouvent Ă  l’intersection du psychisme de l’individu et de sa situation professionnelle. D’aprĂšs le MinistĂšre du Travail, les risques psychosociaux recouvrent des risques professionnels qui portent atteinte Ă  l’intĂ©gritĂ© physique et Ă  la santĂ© mentale des salariĂ©s : stress, harcĂšlement, Ă©puisement professionnel, violence au travail… Ils peuvent entraĂźner des pathologies professionnelles telles que des dĂ©pressions, des maladies psychosomatiques, des problĂšmes de sommeil, mais aussi gĂ©nĂ©rer des troubles musculo-squelettiques, des maladies cardio-vasculaires, voire entraĂźner des accidents du travail (tableau 1).

Les facteurs psychosociaux au travail dĂ©signent un vaste ensemble de variables, Ă  l’intersection des dimensions individuelles, collectives et organisationnelles de l’activitĂ© professionnelle, d’oĂč leur complexitĂ© et leur caractĂšre souvent composite.

Tableau 1 : fréquence du stress et des pathologies liées au stress chez les personnes employées et les travailleurs non salariés

  Stress Fatigue gĂ©nĂ©rale ProblĂšmes de sommeil AnxiĂ©tĂ© IrritabilitĂ© Maux de tĂȘte ProblĂšme cardiaques
Self-employed 24,9 27,36 9,4 9 11,2 17,3 3,3
Employed 21,3 20,2 8,1 7,6 10,4 14,3 1,8

Au niveau psychosocial, il existe actuellement deux modĂšles de risques psychosociaux reconnus sur le plan international en raison de leur apport considĂ©rable Ă  la production de connaissances scientifiques solides concernant l’importance des effets de dĂ©terminants sociaux et psychologiques liĂ©s au travail sur l’apparition et le maintien de plusieurs maladies psychiques et somatiques.

Le modĂšle « dĂ©sĂ©quilibre : effort/reconnaissance » repose sur le constat qu’une situation de travail oĂč s’associent des efforts de la part des Ă©lĂšves et une faible reconnaissance en rapport Ă  ces efforts s’accompagne de troubles Ă©motionnels et physiologiques. Les faibles reconnaissances concernent aussi bien un salaire jugĂ© insuffisant, qu’un manque d’estime et de respect ou qu’une insĂ©curitĂ© de l’emploi comme de faibles perspectives de promotion. Ce manque de reconnaissance agit en dĂ©tĂ©riorant l’estime de soi, ce qui entraine des troubles psychologiques comme la dĂ©pression, l’épuisement professionnel, la dĂ©tresse psychologique Ă©levĂ©e ou mĂȘme le suicide. Le modĂšle « demande ‐ autonomie ‐ soutien au travail » repose sur le constat qu’une situation de travail ou les demandes psychologiques (provocant des tensions appelĂ©es « Job strain ») sont fortes et ou l’autonomie dĂ©cisionnelle est faible, augmente le risque de maladies physiques et/ou mentales. Les demandes psychologiques renvoient Ă  la quantitĂ© de travail Ă  accomplir, aux exigences cognitives et aux contraintes de temps. L’autonomie dĂ©cisionnelle renvoie autant Ă  la capacitĂ© qu’à la libertĂ© de prendre des dĂ©cisions dans son travail, Ă  la possibilitĂ© de crĂ©er et d’innover ainsi que d’utiliser et de dĂ©velopper ses habiletĂ©s. C’est en 1990 que le concept de soutien social, sous ses trois dimensions : rĂ©seau de soutien, comportements de soutien et apprĂ©ciation subjective du soutien, a Ă©tĂ© ajoutĂ© au modĂšle de Karasek.

Le rapport du CollĂšge d’Expertise sur le suivi des risques psychosociaux au travail de Gollac et Bodier (2011) intĂšgre, quant Ă  lui les notions de facteurs de risque et de prĂ©vention. L’objectif prĂ©cis de ce rapport Ă©tait de permettre un suivi statistique de l’amĂ©lioration ou de la dĂ©gradation des conditions de santĂ© mentale et comportementale, en rĂ©action au cadre professionnel. Ce rapport prĂ©conise de mesurer 6 facteurs de risque psychosociaux liĂ©s Ă  l’environnement professionnel :

  • IntensitĂ© au travail et Temps de travail
  • Exigence Ă©motionnelle
  • Autonomie ou latitude dĂ©cisionnelle
  • Rapports sociaux au travail
  • Conflits de valeur
  • InsĂ©curitĂ© de la situation de travail

La mesure de ces facteurs de risque doit par ailleurs s’insĂ©rer dans une politique de prĂ©vention du stress :

  • PrĂ©vention primaire : Ă©limination ou contrĂŽle des facteurs de risque prĂ©sents dans le milieu du travail.
  • PrĂ©vention secondaire : aider les individus Ă  gĂ©rer plus efficacement les exigences et contraintes du travail en amĂ©liorant leurs stratĂ©gies d’adaptation.
  • PrĂ©vention tertiaire : rĂ©habilitation, ou processus de retour au travail et suivi des individus qui souffrent ou ont souffert de problĂšmes de stress ou de santĂ© mentale au travail.

Les formations sont l’outil le plus frĂ©quemment proposĂ© pour palier au stress, quelles soient en lien « direct » avec le stress, comme les formations de gestion du stress, ou en lien « indirect » comme les formations professionnelles oĂč de nouvelles techniques sont apportĂ©es aux travailleurs afin d’augmenter le sentiment de capacitĂ©/d’efficacitĂ© et par consĂ©quent diminuer le stress.

Sur le plan pratique, il existe deux modĂšles d’action principaux sur lesquels se basent les diffĂ©rentes interventions proposĂ©es aux travailleurs :

  1. Le modĂšle HBM postule qu’un individu adopte un comportement de prĂ©vention ou observe un comportement de soin s’il est conscient de la gravitĂ© du problĂšme, s’il se sent concernĂ©, si le comportement Ă  adopter prĂ©sente pour lui plus d’avantages que d’inconvĂ©nients et s’il croit qu’il est capable de le rĂ©aliser. Ces conditions ont Ă©tĂ© dĂ©crites sous la forme suivante :
  • La gravitĂ© du problĂšme : Un individu n’agit en matiĂšre de santĂ© que s’il considĂšre que le problĂšme est d’une gravitĂ© suffisante.
  • La perception subjective du risque : Il n’agit que s’il pense ĂȘtre en situation de risque et s’il se sent concernĂ© par la maladie.
  • La perception des bĂ©nĂ©fices de l’action Ă  entreprendre : L’individu n’agit et ne modifie un comportement que s’il espĂšre tirer certains avantages.
  • La perception des obstacles : Les aspects nĂ©gatifs potentiels d’une action de santĂ© spĂ©cifique et la perception des coĂ»ts de l’action, s’ils sont supĂ©rieurs aux bĂ©nĂ©fices escomptĂ©s, peuvent fonctionner comme des obstacles Ă  l’action Ă  entreprendre.
  • La croyance en sa propre efficacité : Un individu a plus de probabilitĂ© d’adopter un nouveau comportement de prĂ©vention s’il se croit capable de rĂ©aliser le comportement souhaitĂ©
  • Autres variables : L’application extensive du HBM et les recherches en matiĂšre d’Ă©ducation pour la santĂ© attirent rĂ©guliĂšrement l’attention des chercheurs et des praticiens sur la multiplicitĂ© des variables Ă  prendre en compte pour l’explication des comportements.
  1. La ThĂ©orie du Comportement PlanifiĂ© (Ajzen, 1991) confĂšre Ă  l’intention de l’individu la place centrale de la genĂšse de son comportement (TounĂšs, 2003 ; Fayolle et al, 2006). Selon cette thĂ©orie, tout comportement qui nĂ©cessite une certaine planification peut ĂȘtre prĂ©dite par l’intention d’avoir ccomportement. Selon cette thĂ©orie, l’intention est le rĂ©sultat de trois dĂ©terminants conceptuels :
  • L’attitude vis-Ă -vis du comportement : dĂ©signe le degrĂ© d’évaluation favorable ou dĂ©favorable qu’une personne a, du comportement concernĂ©. Il s’agit de l’attractivitĂ© du comportement, (Emin et al, 2005).
  • La norme sociale perçue : dĂ©signe les pressions sociales perçues pour rĂ©aliser ou ne pas rĂ©aliser un comportement (Ajzen, 1991). Il s’agit de la perception que l’individu a de la pression sociale exercĂ©e sur lui.
  • Le contrĂŽle comportemental perçu : correspond Ă  la facilitĂ© ou la difficultĂ© perçue Ă  rĂ©aliser un comportement. Il renvoie Ă  la perception qu’une personne a de la faisabilitĂ© du comportement concernĂ©, (Emin et al, 2005).

Les attitudes vis-Ă -vis du comportement, la norme sociale perçue et le contrĂŽle comportemental perçu sont exprimĂ©s en termes de croyances. Ces derniĂšres correspondent aux informations vraies ou fausses qu’une personne a du monde qui l’entoure. Le comportement est dĂ©terminĂ© par l’intention et par le contrĂŽle comportemental perçu.

Ces modĂšles thĂ©oriques ont permis d’élaborer diverses prises en charges professionnelles, en termes de prĂ©vention (secondaire ou tertiaire) ou d’action. Prises en charge, elles-mĂȘmes basĂ©es sur les thĂ©rapies Cognitives et Comportementales (TCC) ainsi que sur les ThĂ©rapies Neurocognitives et Comportementales (TNC) qui en dĂ©coulent.

Les TCC : Ces thĂ©rapies ont pour objectif d’aider les personnes Ă  dĂ©passer progressivement les symptĂŽmes invalidants du stress de façon durable, en axant une partie importante du travail sur la modification des attitudes et sur la restructuration des schĂ©mas cognitifs. Le versant comportemental se base sur le fait qu’une  grande partie du comportement humain est le rĂ©sultat de ce qui a Ă©tĂ© appris (par opposition Ă  ce qui est innĂ©) et est bien ancrĂ© au cours d’innombrables expĂ©riences de renforcement. Par consĂ©quent le travail comportemental envisage une modification des comportements axĂ©e sur les modifications cognitives. Ce versant cognitif vise Ă  rendre conscientes les pensĂ©es, croyances (ou processus cognitif) guidĂ©es par les agents stressants. Il s’agit, en effet, d’amener le sujet Ă  rĂ©aliser la façon dont ses pensĂ©es dĂ©terminent ses rĂ©actions Ă©motives et son choix de stratĂ©gies d’action. Il s’intĂ©resse plus spĂ©cifiquement aux interprĂ©tations nĂ©gatives, dĂ©primantes ou angoissantes, et aux infĂ©rences erronĂ©es qui provoquent le dĂ©veloppement d’Ă©motions nĂ©gatives inadaptĂ©es et pĂ©nibles. L’action des TCC dans le domaine du stress professionnel consiste, par ailleurs, Ă  gĂ©rer les situations de conflits, elles-mĂȘmes source de stress. MalgrĂ© toute leur efficacitĂ© ces thĂ©rapies interviennent toutefois dans le cadre d’une prĂ©vention secondaire et tertiaire et non primaire. En revanche la ThĂ©rapie Neurocognitive et Comportementale (TNC) permet d’intervenir Ă  chaque stade de prĂ©vention.

La TNC : elle repose sur un modĂšle du stress s’appuyant Ă©galement sur les TCC et sur diffĂ©rents champs de recherche tels que la neuropsychologie et la psychologie cognitive. Ce modĂšle, appelĂ© modĂšle des « Modes Mentaux » (Fradin et al., 2008) reconnaĂźt deux modes de fonctionnement cĂ©rĂ©braux gĂ©nĂ©riques permettant d’apprĂ©hender une situation.  Le premier mode de fonctionnement, dit « automatique » oriente l’individu vers la mise en Ɠuvre de schĂ©mas d’action et de reprĂ©sentation appris et serait sous-tendu par des zones postĂ©rieures et basses du cerveau. Le second mode de fonctionnement, dit « adaptatif », engendre de nouvelles stratĂ©gies en adĂ©quation avec la situation en cours et serait sous-tendu par le cortex prĂ©frontal (CPF ; Fernandez-Duque & Posner, 2001 ; HoudĂ© et al., 2000 ; Bilalic et al., 2008  ; Dijkstehuis et al., 2006). D’un point de vue phylogĂ©nĂ©tique, le CPF est aujourd’hui considĂ©rĂ© comme Ă©tant la zone la plus Ă©voluĂ©e de notre cerveau, ainsi que le siĂšge de notre intelligence gĂ©nĂ©rale et de l’adaptation (Duncan et al., 2000). Ce modĂšle suppose que le stress apparait lorsque l’individu manifeste un mode de fonctionnement automatique face Ă  une situation qui nĂ©cessite une nouvelle stratĂ©gie. Le stress est alors considĂ©rĂ© comme un signal d’alarme tĂ©moignant du caractĂšre inadaptĂ© de la stratĂ©gie de l’individu par rapport Ă  la situation. MalgrĂ© l’importance accordĂ©e au traitement de l’information Ă©manant de l’individu, ce modĂšle n’exclut pas le rĂŽle majeur du stresseur. En effet, il considĂšre, en pratique, que le stress se dĂ©clare Ă  l’image de l’équation suivante : IntensitĂ© du Stress = CapacitĂ© de Gestion des Modes Mentaux * Importance de l’enjeu.

Dans la continuitĂ© de ce modĂšle, ont Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©es des techniques dites de Gestion des Modes Mentaux (GMM). Cette mĂ©thode propose des outils cognitifs et comportementaux (Beck, 1984 ; Teasdale, et al., 1995), tendant Ă  stimuler a priori l’adaptation (ou les fonctions cognitives permises par l’activitĂ© du CPF ; Jaeggi et al., 2008 ; Fradin et al., 2006 ; Fradin, 2003 ; HoudĂ© et al., 2000) tout en favorisant la rationalisation des Ă©vĂ©nements, le raisonnement logique, la flexibilitĂ©, etc


Si plusieurs de nos Ă©tudes montrent l’efficacitĂ© de ces techniques, nous ne pouvons en mesurer prĂ©cisĂ©ment l’impact en dehors de protocoles longs et couteux puisqu’il n’existe pas, Ă  l’heure actuelle, de questionnaire unique permettant de mesurer l’ensemble des dimensions Ă©voquĂ©es, de fait, il est nĂ©cessaire de construire un tel outil.

 

3.    Aléas, incertitudes scientifiques, verrous technologiques

L’objectif gĂ©nĂ©ral de la recherche est de mieux comprendre comment la bascule d’un mode mental automatique vers un mode mental adaptatif agit sur les performances intellectuelles des individus et plus particuliĂšrement sur leur crĂ©ativitĂ© ainsi que sur leur niveau de stress et du risque encouru de Burnout. Avant d’atteindre cet objectif principal, cette recherche se dĂ©cline en 3 objectifs secondaires.

Objectif 1 : L’INRS a recensĂ© les principaux questionnaires de stress professionnels existants, en les classifiant selon le champ d’investigation couvert.

  • RepĂ©rage par des tiers de situations stressantes
  • Situations de travail perçues
  • Évaluation du stress perçu
  • StratĂ©gies d’adaptation au stress
  • SymptĂŽme perçu
  • Atteinte du rapport psychologique au travail
  • Atteinte du la santĂ© mentale et physique
  • Questionnaires transversaux (4 questionnaires)

Aucun questionnaire recensĂ© par l’INRS ne couvre les dimensions telles que modĂ©lisĂ©es par nos modĂšles (personnalitĂ©, symptomatologies, utilisation des modes mentaux) c’est pour cette raison que nous avons dĂ©cidĂ© de mettre au point un nouveau questionnaire intĂ©grant ces dimensions mesurĂ©es.

Objectif 2 : mesure du niveau de stress professionnel au sein de l’entreprise. Le but n’est pas prĂ©cisĂ©ment d’obtenir une photographie ponctuelle du stress au sein de cette entreprise, mais de pouvoir constituer les groupes nĂ©cessaires aux objectifs 3 et 4. Dans cette optique, un protocole relativement lĂ©ger est envisagĂ© afin de ne pas mobiliser de façon trop importante les personnes travaillant dans cette entreprise.

Objectif 3 : Sur la base des rĂ©sultats obtenus lors de la premiĂšre Ă©valuation (T0), trois groupes seront constituĂ©s (niveau faible, moyen ou Ă©levĂ© de stress) desquels seront tirĂ©s au sort 3 Ă©chantillons d’individus. Ces derniers recevront alors un protocole dans lequel seront Ă©valuĂ©es d’autres variables impliquĂ©es dans le processus global du stress selon les modĂšles thĂ©oriques Ă©voquĂ©s ci-dessus. Ces mesures nous permettrons, par la suite, de construire un protocole de recherche interventionnel et clinique adaptĂ© Ă  l’entreprise et aux caractĂ©ristiques de ses divers employĂ©s. Il s’agit ici d’identifier les meilleurs moyens d’action et de prĂ©vention en fonction du niveau de stress Ă  un instant T de chaque individu.

 

4. Travaux R&D réalisés, démarche expérimentale

Etape 1 : Une premiĂšre phase a consistĂ© Ă  construire le questionnaire sur la base de la littĂ©rature et a testĂ© sa validitĂ© faciale, de laquelle a dĂ©coulĂ© l’amĂ©lioration du questionnaire de stress et des restitutions en fonction du retour d’expĂ©rience. Les items non univoques ont Ă©tĂ© supprimĂ©s.

Étape 2 : IntĂ©gration des donnĂ©es de l’étude « Estime » afin de disposer de donnĂ©es de comparaison entre les entreprises dans lesquelles le questionnaire Vipso a Ă©tĂ© expĂ©rimentĂ©.

Étape 3 : Test et re-test selon 4 grands groupes de professions (notamment en raison des dimensions thĂ©oriques du Burnout) : Personnels soignants (mĂ©decins, infirmiĂšres
), personnels encadrants pĂ©dagogiques (enseignants, CPE
), formateurs, autres professions.

Pour cette derniÚre étape, nous avons utilisé la méthodologie suivante :

– Passation de questionnaires en ligne et « papier-crayon » auprĂšs de deux Ă©chantillons distincts dans chaque groupe de professions citĂ©es ci-dessus. Une premiĂšre demande alĂ©atoire auprĂšs d’individus a Ă©tĂ© effectuĂ©e, nous avons rĂ©coltĂ© 528 questionnaires donc 302 en version papier-crayon. Les personnes dĂ©sireuses de participer aux re-tests ont indiquĂ© leurs coordonnĂ©es (anonymisĂ©es par la suite), 137 questionnaires re-rest ont Ă©tĂ© rĂ©coltĂ©s. Afin de dĂ©montrer les validitĂ©s de l’outil nous avons utilisĂ© divers questionnaires standardisĂ©s :

  • ValiditĂ© convergente : facettes dĂ©pression et anxiĂ©tĂ© du NEO-PI- R (Costa & McRae, 1985)
  • ValiditĂ© concourante et prĂ©dictive : HADS, mesure de l’anxiĂ©tĂ© et de la dĂ©pression (Zigmond & Snaith, 1983) ; MOS-SF-12, mesure de la qualitĂ© de vie (ICOLA) : JSS, mesure du stress professionnel (Spielberger, 1981) ; MBI, mesure du Burnout (Maslach et al., 1986) ; GHQ, mesure de la santĂ© mentale (Goldberg et al. 1972).
  • ValiditĂ© divergente : QSSP, mesure du soutien social (Bruchon-Scwheitzer et al. 2002) ; WCC, mesure du coping (Cousson-GĂ©lie et al. 1996).
  • ValiditĂ© discriminante : groupes professionnels

La fidĂ©litĂ© est dĂ©montrĂ©e d’une part par le calcul de l’indice « omĂ©ga de Mac Donald » et d’autre part par les Ă©quations structurelles (analyses exploratoires et confirmatoires), enfin nous avons calculĂ© le coefficient de corrĂ©lation interintems entre test et retest.

Des analyses factorielles ont été conduites.

 

5. Indicateurs de R&D

RĂ©daction d’article en cours.

Le questionnaire finalisĂ© permettra d’évaluer l’impact de nos formations de maniĂšre fiable, courte et d’éviter donc la production de donnĂ©es manquantes liĂ©s Ă  des protocoles trop longs. Les premiers tests s’avĂšrent positifs.

 

6. Acquisition des connaissances

À l’issue des diffĂ©rentes analyses statistiques, nous obtenons deux questionnaires, le premier contient 19 items et 4 dimensions : personnalitĂ© dominante ou soumise, personnalitĂ© Ă©vitante ou rapprochement excessif, stress somatique, stress psychique. Le second contient 6 items de mesure du mode mental automatique vs mode mental adaptatif.

Le questionnaire de stress professionnel demande encore a ĂȘtre re-testĂ©, le nombre de rĂ©pondants Ă  ce jour n’étant pas suffisant pour obtenir une probabilitĂ© de rĂ©sultats optimale (p < .001). L’article scientifique concernant les validations exploratoire et confirmatoire de ce questionnaire est en cours de rĂ©daction. Nous notons, dans cet article, que les validitĂ©s convergente, divergente, concourente, et discriminante sont bonnes mais que la validitĂ© prĂ©dictive reste Ă  dĂ©montrer (re-test).

L’analyse factorielle exploratoire a permis de dĂ©gager une solution stable. Elle a Ă©tĂ© effectuĂ©e sur la matrice des corrĂ©lations polychoriques, avec une factorisation en axes principaux et une rotation promax. La solution finale indique un KMO de 0,83 (Bartlett = 858, 71(91) p < 0.001). La qualitĂ© de reprĂ©sentation est bonne pour dix items et correctes pour six autres. Les quatre dimensions permettent d’expliquer 46% de la variance du stress professionnelle, les saturations vont de 0,447 Ă  0,818, tous les items dont la saturation Ă©tait infĂ©rieure Ă  0,4 ont Ă©tĂ© supprimĂ©s (tableau 2).

Tableau 2. Saturations et fidélité

Items F1 F2 F3 F4 CCI
10. Je pense que mon travail dégrade ma santé .818 -.026 .094 .038 .54
3. Dans l’ensemble, j’estime que mon travail me stresse .797 -.005 -0.18 .094 .57
13. AprĂšs ma journĂ©e de travail, j’ai mal Ă  la tĂȘte, Ă  la nuque, aux Ă©paules ou au dos. .689 .130 -.031 -.146 .41
1. Il m’arrive de ne pas dormir parce que je pense à mon travail .587 .059 -.058 -.017 .34
7 AprĂšs ma journĂ©e de travail, j’ai mal au ventre, l’estomac nouĂ©, ou des nausĂ©es. .576 -.136 -.102 .115 .25
16 Mon travail provoque chez moi Ă  la fois un intense dĂ©sir de rĂ©ussir et une peur excessive d’échouer, sans qu’il n’y ait forcĂ©ment de grands enjeux .050 .752 .131 -.008 .29
17. Au travail, je ressens une profonde admiration quand je vois des collĂšgues accomplir des choses que je me sens incapable de faire. -.093 .580 -.013 -.140 .15
11 Le moindre Ă©chec au travail m’affecte profondĂ©ment et j’ai du mal Ă  m’en remettre .172 .556 .002 .035 .26
18. Au travail, je n’hĂ©site pas Ă  m’imposer pour obtenir satisfaction -.057 .156 .848 .192 .45
12. Au travail, je suis sûr (e) de moi en toute circonstance -.086 -.298 .491 .491 .52
4. Au travail, je suis discret(e) voire efface(e) .006 -.020 -.447 .168 .57
8. Au travail, je prĂ©fĂšre travailler seul dans mon coin plutĂŽt que d’avoir des contacts prolongĂ©s (avec les collĂšgues, les clients
) .072 -.161 .035 .704 .33
14. Au travail, je sais exprimer mon désaccord calmement et je cherche un compromis qui puisse convenir à tout le monde .212 -.148 .236 -.517 .49
15. Au travail, je me méfie de tout le monde .151 -.044 .106 .467 .49
FiabilitĂ© .83 .65 .62 .55  

L’analyse confirmatoire permet de confirmer 3 des 4 facteurs mais doit ĂȘtre reconduite avec une plus grosse taille d’échantillon.  Les indices sont cependant relativement corrects, Khi2(41) = 63.97, p < .01, RMSEA = .057, IC90% = [.02 ; .07], pclose = .47, CFI = .96, NNFI = .05, SRMR = .05 (figure 1).

Figure 1. RĂ©sultats de l’analyse confirmatoire

Concernant les validités, nous avons effectué différents tests.

Les corrélations entre le VIPSO et la JSS (stress professionnel) sont bonnes pour la plupart (tableau 3).  Seule la variable « stress physio/psycho) a une distribution gaussienne, donc nous avons utilisé le rho de spearman.

 

Tableau 3. Corrélations entre les dimensions du VIPSO et la JSS

  Pression professionnelle Manque d’organisation Indice de stress professionnel total
Stress physio et psycho .554** .562** .628**
Hypo-Hyper .322** .193** .273**
Dominance_soumission -.085 -.028 -.061
Assertivité-Marginalité .242** .324** .331**

** p < .001

Des corrĂ©lations significatives entre toutes les dimensions de la JSS et la dimension stress du VIPSO montrent une bonne validitĂ© convergente.  Des corrĂ©lations moyennes entre Hypo-Hyper et pression professionnelle et Hypo-hyper et stress professionnel, mais des corrĂ©lations faibles (bien que significatives) entre hypo-hyper et manque d’organisation dĂ©montrent Ă©galement une bonne validitĂ© convergente de l’outil. En revanche l’absence de corrĂ©lation significative pour dominance-soumission montre qu’il n’existe pas de lien entre une personnalitĂ© soumises/dominante et le stress professionnel.

On observe Ă©galement desorrĂ©lations positives moyennes Ă  fortes avec l’anxiĂ©tĂ© mais aucune avec la dĂ©pression (tableau 4)

Tableau 4. Corrélations entre les dimensions du VIPSO et la HAD

  AnxiĂ©tĂ© DĂ©pression
Stress physio et psycho .550** .085
Hypo-Hyper .413** .021
Dominance_soumission .174** .037
Assertivité-Marginalité .30** .029

** p < .001

Par ailleurs, des corrĂ©lations faibles et nĂ©gatives entre le coping centrĂ© sur le problĂšme et le stress (plus on est stressĂ© moins on utilise ce style de coping), ainsi qu’avec l’assertivitĂ©- marginalitĂ© (1/ plus on est marginal moins on utilise le coping centrĂ© sur le problĂšme et 2/ plus on est assertif et plus on utilise ce type de coping) dĂ©montre une bonne validitĂ© de ces deux dimensions. En revanche, les corrĂ©lations faibles Ă  moyennes entre le coping Ă©vitement et toutes les dimensions du VIPSO (plus on est stressĂ©, plus le style de coping est l’évitement ; plus il y a d’hypo/hyper et plus on utilise l’évitement ; 1/ plus on est dominant moins on utilise l’évitement 2/ plus on est soumis plus on utilise  l’évitement ; 3/ plus on est marginal plus on utilise l’évitement, 4/ plus on est assertif moins on utilise l’évitement) montrent une bonne validitĂ© de l’ensemble des dimensions (tableau 5).

Tableau 5. Corrélations entre les dimensions du VIPSO et la WCC

  ProblĂšme Evitement Recherche de soutien
Stress physio et psycho -.220** .338** .009
Hypo-Hyper .004 .445** .104
Dominance_soumission .131 -.286** .003
Assertivité-Marginalité -.228** .262** -.075

** p < 0.001

Bien que la validitĂ© concourante de l’outil reste Ă  dĂ©montrer, ces premiers rĂ©sultats sont encourageants.

 

7. Ressources humaines
Nom Fonction dans le projet Nbre heures/jours consacrĂ©es Ă  la Phase N Nb total d’heures/jours affectĂ©es au projet
De Chalvron Stéphanie Ingénieur de recherche

 

46 heures

 

46 heures

Fradin Jacques Directeur de recherche 29 heures 29 heures
Lafaye Anaïs Chargé de recherche 91 heures 91 heures

 

8. Références bibliographiques

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